La mediumnite de Jeanne d'Arc (7/7)

Par Osmose

Tantôt, elles inspirent et soutiennent les missionnaires chargés de donner une impulsion plus vive aux essors de la pensée : Moïse, saint Paul, Mahomet, Luther furent de ceux-ci. Mais, dans tous les cas, la liberté humaine est respectée. De là, les entraves de toutes sortes que ces grands Esprits rencontrent sur leur chemin.

Le fait le plus saillant parmi les événements qui signalent la venue de ces messagers d'en haut, c'est l'idée religieuse sur laquelle ils s'appuient. Cette idée suffit à exalter leur courage et à rassembler autour d'eux, humbles presque tous et ne disposant d'aucune force matérielle, des foules innombrables, prêtes à répandre l'enseignement dont elles ont senti la grandeur.

Tous ont parlé de leurs communications avec l'invisible ; tous ont eu des visions, entendu des voix, et se sont reconnus simples instruments de la Providence pour l'accomplissement d'une mission. Seuls, livrés à eux-mêmes, ils n'auraient pas réussi ; l'influence d'en haut était nécessaire, indispensable au triomphe de leur idée, contre laquelle s'acharnaient tant d'ennemis.

La philosophie, elle aussi, a eu ses glorieux inspirés : Socrate, comme Jeanne d'Arc, percevait des voix, ou plutôt une voix, celle d'un Esprit familier qu'il appelait son démon. Elle se faisait entendre en toute circonstance.

On peut lire dans le Théagès de Platon comment Timarque aurait évité la mort, s'il avait écouté la voix de cet Esprit : « Ne t'en va pas, - lui conseille Socrate, lorsqu'il se lève du banquet avec Philémon, son complice et le seul qui eût connaissance de ses intentions, pour aller tuer Nicias, - ne t'en va pas ; la voix me dit de te retenir. »
Bien qu'averti à deux reprises encore, Timarque partit, mais il échoua dans son entreprise et fut condamné à mort. A l'heure du supplice, il reconnut trop tard qu'il aurait dû obéir à la voix : « O Clitomaque ! dit-il à son frère, je vais mourir pour ne pas avoir voulu m'en tenir à ce que me conseillait Socrate. »

Un jour, la voix avertit le sage de ne pas aller plus loin sur une route qu'il parcourait avec ses amis. Ceux-ci se refusent à l'écouter ; ils continuent leur marche et rencontrent un troupeau qui les renverse et les piétine.

Après avoir reconnu bien souvent la justesse des conseils qui lui étaient dictés par cette voix, Socrate avait toute raison de croire en elle ; il rappelait à ses amis que, « leur ayant communiqué les prédictions qu'il en recevait, on n'avait jamais constaté qu'il y en eût d'inexactes ».

Rappelons encore la déclaration solennelle de ce philosophe devant le tribunal des Ephètes, lorsque s'agite pour lui la question de vie ou de mort :

En France aussi, nos philosophes ont été visités par l'Esprit : Pascal avait des heures d'extase ; la Recherche de la Vérité, de Malebranche, fut écrite en pleine obscurité ; et Descartes nous raconte comment une intuition soudaine, rapide comme l'éclair, lui inspira l'idée de son Doute méthodique, système philosophique auquel nous devons l'affranchissement de la pensée moderne. Dans ses Annales médico-psychologiques, Brierre de Boismont nous dit : « Descartes, après une longue retraite, fut suivi par une personne invisible qui l'engageait à poursuivre les recherches de la vérité. »

Schopenhauer, en Allemagne, reconnaît également avoir subi l'influence de l'Au-delà : « Mes postulats philosophiques, dit-il, se sont produits chez moi sans mon intervention, dans les moments où ma volonté était comme endormie... Aussi ma personne était comme étrangère à l'oeuvre. »

Presque tous les poètes de renom ont joui d'une assistance invisible. Dans le nombre, citons seulement : le Dante et le Tasse, Schiller et Goethe, Pope, Shakespeare, Shelley, le Camoëns, Victor Hugo, Lamartine, Alfred de Musset, etc.

Parmi les peintres et les musiciens, Raphaël, Mozart, Beethoven et d'autres trouveraient ici leur place, car, sans cesse, l'inspiration se déverse en flots puissants sur l'humanité.

On dit souvent : « Ces idées sont dans l'air. » Elles y sont, en effet, parce que les âmes de l'espace les suggèrent aux hommes. C'est là qu'il faut chercher la source des grands mouvements d'opinion dans tous les domaines. Là aussi est la cause des révolutions qui bouleversent un pays pour le régénérer.

Il faut donc le reconnaître : le phénomène de la médiumnité remplit les âges. Toute l'histoire s'éclaire de sa lumière. Tantôt, il se concentre sur une personnalité éminente et brille d'un vif éclat, c'est le cas de Jeanne d'Arc. Tantôt, il est disséminé, réparti sur un grand nombre d'interprètes, comme à notre époque.

La médiumnité a été souvent l'inspiratrice du génie, l'éducatrice de l'humanité, le moyen que Dieu emploie pour élever et transformer les sociétés. Au quinzième siècle, elle a servi à tirer la France de l'abîme de maux où elle était plongée.

Aujourd'hui, c'est comme un souffle nouveau qui passe sur le monde, et vient rendre la vie à tant d'âmes endormies dans la matière, à tant de vérités qui gisent dans l'ombre et dans l'oubli ! Les phénomènes de vision, d'audition, les apparitions de défunts, les manifestations des invisibles par l'incorporation, l'écriture, la typtologie, etc., se font innombrables ; ils se multiplient chaque jour autour de nous.

Les enquêtes de plusieurs sociétés d'études, les expériences et les témoignages de savants éminents et de publicistes de premier ordre, dont nous avons cité les noms, ne laissent aucun doute sur la réalité de ces faits. Ils ont été observés dans des conditions qui défient toute supercherie. Nous en citerons seulement quelques-uns, parmi ceux qui présentent des analogies avec les faits empruntés à la vie de Jeanne d'Arc.

Il y a d'abord les voix :


Nous pourrions ajouter beaucoup de faits du même ordre
Les habitants de l'espace ne négligent aucun moyen de se manifester et de nous démontrer les réalités de la survivance.

A ce sujet Sir Conan Doyle, le grand écrivain anglais, nous communique une photographie prise le 11 novembre 1923, à Londres, au cénotaphe du soldat inconnu, pendant la minute de silence et de recueillement. On y voit une foule de têtes de jeunes gens parmi lesquelles l'éminent écrivain affirme reconnaître celle de son fils tué sur le front.

Les grands Esprits ont une prédilection marquée pour le phénomène de l'incorporation, car il leur permet de se révéler avec une conscience plus entière et des ressources intellectuelles plus étendues. Le médium, plongé dans le sommeil par une action magnétique invisible, abandonne pour quelques instants son organisme à des Entités qui s'en emparent, et entrent en rapport avec nous par la voix, le geste, l'attitude.

Leur langage est parfois si suggestif, si imposant, qu'on ne saurait garder aucun doute sur leur caractère, leur nature, leur identité. S'il est facile d'imiter les phénomènes physiques, tels que les tables parlantes, l'écriture automatique, les apparitions de fantômes, il n'en est pas de même des faits d'ordre intellectuel élevé. On n'imite pas le talent, encore moins le génie. Nous avons été souvent témoin de scènes de ce genre, et elles ont laissé en nous, chaque fois, une impression profonde.

Vivre, ne fût-ce qu'un moment, dans l'intimité des grands Etres, est une des rares félicités dont on puisse jouir sur la terre. C'est par cette médiumnité de l'incorporation que nous avons pu communiquer avec les Esprits guides, avec Jeanne elle-même, et recevoir d'eux les enseignements, les révélations que nous avons consignés en nos ouvrages.

Toutefois, si cette faculté est une source de jouissances pour les expérimentateurs, elle offre peu de satisfaction au médium lui-même, car il ne conserve, au réveil, aucun souvenir de ce qui s'est passé durant son absence du corps.

La médiumnité existe à l'état latent chez une foule de personnes. Partout, autour de nous, parmi les jeunes filles, les jeunes femmes, les jeunes hommes, germent des facultés subtiles, s'élaborent des fluides puissants, qui peuvent servir de liens entre le cerveau humain et les intelligences de l'espace. Ce qui nous manque encore, ce sont les écoles et les méthodes nécessaires pour développer ces éléments avec science et persévérance, et les mettre en valeur.

L'absence de préparation méthodique et d'étude patiente, ne permet pas de tirer de ces germes tous les fruits de vérité et de sagesse qu'ils pourraient donner. Trop souvent, faute de savoir et de travail régulier, ils se dessèchent ou ne donnent que des fleurs empoisonnées.

Mais, peu à peu, voici qu'une science et une croyance nouvelles naissent et se propagent, apportant à tous la connaissance des lois qui régissent l'univers invisible. On apprendra bientôt à cultiver ces facultés précieuses, à faire d'elles les instruments des grandes Ames, dépositaires des secrets de l'Au-delà.

Les expérimentateurs renonceront aux vues étroites, aux procédés routiniers d'une science vieillie ; ils s'attacheront à mettre en oeuvre les pouvoirs de l'esprit par la pensée élevée, moteur suprême, trait d'union qui relie les mondes divins aux sphères inférieures, et un rayon d'en haut viendra féconder leurs recherches. Ils sauront que l'étude des grands problèmes philosophiques, la pratique du devoir, la dignité et la droiture de la vie sont les conditions essentielles du succès.

Si la science et la méthode sont indispensables en matière d'expérimentation psychique, les élans généreux de l'âme par la prière n'ont pas moins d'importance, car ils constituent l'aimant, le courant fluidique qui attire les puissances bienfaisantes et éloigne les influences funestes.
Toute la vie de Jeanne le démontre surabondamment.

Le jour où toutes ces conditions seront réunies, le nouveau spiritualisme entrera pleinement dans la voie de ses destinées. A l'heure où tant de croyances vacillent sous le souffle des passions, et où l'âme humaine s'enlise dans la matière, au milieu de l'affaissement général des caractères et des consciences, il deviendra un moyen de salut, une force, une foi vivante et agissante, qui reliera le ciel à la terre, et embrassera les âmes et les mondes dans une communion éternelle et infinie.


 à bientôt ....!Osmose