Les occupants des carrelets, installés depuis des décennies en bord de Garonne, dans la zone bordelaise, s’adaptent à l’urbanisation galopante
“Avant, c’était sauvage. Une vraie pampa ! Ca, on était tranquille, il n’y avait pas de passage. On voyait juste quelques chasseurs dans les terrains vagues derrière”, confie Marc Trely, occupant d’un carrelet depuis plus de trente ans. Sa cabane en bois sur pilotis, installée sur les rives de la Garonne, au niveau de Bègles, se retrouve désormais lovée entre le centre commercial Carrefour, l’incinérateur de déchets d’Astria et le pont Rive d’Arcins. Malgré cet environnement de plus en plus urbain, les occupants des carrelets tiennent bon. Même si certains se plaignent des nuisances sonores, tout le monde garde précieusement son carrelet. “Sur la zone bordelaise, on n’a eu ces dernières années aucune demande de sessions, c’est un signe” indique-t-on au Service maritime qui octroie les autorisations d’occupations temporaires sur la zone allant de l’embouchure de la Garonne jusqu’au Pont François Mitterand. Même tendance du côté de Bègles et Villenave d’Ornon où les carrelets abondent. “L’aménagement des Rives d’Arcins a eu aussi du bon, un accès plus facile, plus de propreté qui a créé une émulation pour entretenir sa cabane. Les occupants y viennent d’ailleurs désormais moins pour pêcher que comme lieu de loisir. Franchement, quand on est sur son ponton, sous les arbres, au bord de l’eau, on oublie tout” précise Marc Trely. Le nombre de ces “petits coins de paradis” (plus de 900 entre l’estuaire et la limite du département de la Gironde) reste ainsi stable à l’image d’un long fleuve tranquille. Les mouvements de session et de reprise suffisent à la demande. “C’est sûr qu’avoir sa petite cabane au bord de l’eau fait rêver, mais assez vite, les gens renoncent, non à cause de l’urbanisation, mais plutôt en voyant les contraintes telles que le coût de constrution ou d’entretien, le paiement de la redevance annuelle sans compter les risques naturels ou de vandalisme…” indique Jean-Marc Rolland du service de navigation du Sud-Ouest à Cadillac.
Marianne Peyri