A69 : le massacre silencieux, une mobilisation trop tardive

Publié le 29 octobre 2024 par Angrymum @VeryAngryMum

L'autoroute A69. Une abomination d'asphalte qui dévore la campagne sur plus de 50 km entre Toulouse et Castres. Oui, une route pour soi-disant " fluidifier " le trafic et " désenclaver " la région. C'est surtout une autoroute de l'absurdité, un carnage environnemental réalisé sous nos yeux, dans un silence assourdissant. Et aujourd'hui, on se questionne sur le calendrier, sur les délais de construction. Sincèrement, est-ce que ce débat du quand a encore du sens ?

Le massacre est fait. Les plaies sont béantes

La campagne a été sacrifiée. On parle de 50 km d'une destruction massive. Des arbres arrachés, des sols éventrés, des paysages défigurés. Le projet de l'A69 a saccagé des terres agricoles, des habitats naturels, des vies humaines aussi. Oui, car les populations locales ont été déplacées comme en temps de guerre. Délogées, forcées à quitter leurs maisons, à se réinventer un futur ailleurs. Tout cela pour quelques kilomètres de bitume supplémentaires, qui ne profiteront qu'à une poignée de privilégiés.

Et comme si cela ne suffisait pas, cela s'est fait dans une ambiance détestable. Tensions, hostilités, mépris. Les esprits sont marqués à jamais. Les habitants, eux, n'ont eu que peu de choix : subir. Depuis des mois, ils vivent dans un enfer quotidien. Bruits de chantier constants, poussière omniprésente, routes devenues dangereuses. Cette autoroute, avant même d'exister, est déjà une catastrophe pour ceux qui vivent à proximité. C'est bien simple, on pourrait croire à une zone de guerre. Mais non, c'est juste " le progrès ".

Où était la mobilisation ? Trop peu, trop tard.

La question que tout le monde devrait se poser, c'est pourquoi une telle absurdité a pu se dérouler avec si peu de résistance ? Oui, il y a bien eu des collectifs, comme La Voie est Libre, qui ont tenté de lutter. Ils étaient là, dès le début, quand tout était encore possible. Ils ont manifesté, crié leur désarroi, multiplié les recours. Mais soyons honnêtes : la mobilisation était trop faible. Trop peu de gens ont suivi.

La Voie est Libre n'a pas pu compter sur un soutien massif. Les habitants, désabusés, ont préféré détourner le regard. Les collectifs écologistes, eux, ont souvent cette image de bourgeois bohèmes qui se battent pour des causes lointaines tant que ça ne perturbe pas leur quotidien. " Oui, protéger les écureuils, c'est mignon, mais tant que l'air reste pur dans mon jardin, tout va bien. " Et maintenant que le chantier a transformé l'air en une brume toxique, tout le monde s'étonne et s'indigne. Trop tard.

Il ne s'agissait pas seulement d'écureuils ou de quelques hectares de forêt, mais bien de préserver une manière de vivre, un patrimoine, une biodiversité essentielle. Mais pour cela, il fallait une mobilisation massive, un vrai rapport de force. Pas une petite manifestation le dimanche après-midi, pancartes à la main et sourires crispés, avant de rentrer chez soi comme si de rien n'était. Non. Ce chantier aurait pu être stoppé, mais pour cela, il aurait fallu une vraie bataille, une vraie guerre contre le bitume.

Faire tomber les chantiers comme en Angleterre

En Angleterre, quand les gens en ont eu marre de voir leur paysage disparaître sous les rouleaux compresseurs, ils ont réagi. Massivement. Des mobilisations monstres ont réussi à faire annuler plusieurs projets autoroutiers. Des kilomètres de bitume abandonnés, face à la pression populaire. Parce que là-bas, ils ont compris qu'il ne suffit pas de protester poliment. Ils ont compris que face aux intérêts économiques, il faut un véritable rapport de force.

" Sur les 600 projets autoroutiers prévus par les autorités, les écologistes des mouvements Earth First! et Reclaim the Street réussirent à en mettre en déroute près de 500″
Source : https://reporterre.net/En-Angleterre-la-folle-histoire-de-la-lutte-contre-les-autoroutes

En France, on s'est contenté de recours juridiques. Mais les tribunaux, aussi nécessaires soient-ils, ne peuvent à eux seuls stopper une machine bien huilée qui roule à coup de béton et de contrats publics. Il fallait occuper le terrain, bloquer les engins, perturber les opérations. Mais cela n'a pas été fait. Résultat : la campagne est mutilée, et nous, on débat du calendrier de livraison. Quelle farce.

Il est trop tard pour l'A69, mais pas pour demain

L'A69 va probablement voir le jour. C'est une défaite, une de plus, pour l' écologie en France. Mais tirons-en les leçons. Il est urgent de comprendre que ce genre de projet ne doit plus passer sans une riposte massive. Les recours légaux et les petites manifs sympas du dimanche après-midi, c'est terminé. Ce qu'il faut, c'est une véritable mobilisation citoyenne, un rapport de force qui ne laisse pas d'autre choix que d'abandonner ce genre d'aberration.

Alors oui, l'A69 est un massacre. Un chantier inutile, destructeur, et profondément révoltant. Mais surtout, c'est la preuve que sans une mobilisation massive dès le départ, nous sommes condamnés à regarder passer les bulldozers.

En réaction à : https://www.touleco-tarn.fr/Entre-decalage-ou-retard-ou-en-est-le-chantier-de-l-A69,43992

Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News