L'histoire: Le Claridon effectue son dernier voyage des côtes du Japon aux États-Unis. Le feu a pris dans la salle des machines. Une catastrophe est sur le point d'arriver. Le capitaine Adams ( George Sanders) tente de calmer le désordre qui commence à s'installer. Mais rien n'y fait, les dommages commencent à mettre en péril le navire. Cliff Henderson ( Robert Stack), sa femme Laurie (Dorothy Malone) et leur fillette (Tammy Marihugh) sont en croisière. Lorsque des fuites dans la coque se déclarent, le bateau commence à sombrer et se disloque progressivement. Cliff doit se battre pour sortir sa femme, coincée dans sa cabine sous une pile de débris, tandis que l'équipage, Edmond O'Brien et Woody Strode en tête, tentent de sauver ce qui peut l'être encore.
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The Last Voyage ( Panique à bord en VF), produit par Virginia Stone et son mari Andrew L. Stone (également réalisateur), est resté dans l'histoire pour avoir été l'un des premiers films de catastrophe maritime, avec le Titanic de Jean Negulesco (1953), mais aussi et surtout en raison de son " décor naturel " inégalable. En le revoyant l'autre jour j'ai constaté à quel point la MGM avait bien fait de mettre la main sur un véritable navire de croisière comme lieu de tournage tant cela permettait de renforcer l'adhésion face aux épreuves vécues par les protagonistes.
Distribué par la MGM en 1960, The Last Voyage devait pourtant être tourné au large des côtes anglaises. Mais en fait, il a été filmé presque entièrement dans la mer du Japon, en face d'Osaka. Contrairement à d'autres productions du genre, qui s'appuyaient surtout sur des miniatures réutilisables d'un film à l'autre et des projections en arrière plan, The Last Voyage utilise l'intérieur réel du paquebot français Île de France, construit en 1924-26 pour la Compagnie Générale Transatlantique, mis au rancart en 1958 avant d'être vendu pour presque rien à un chantier de démolition japonais. Avant qu'il soit entièrement démoli, la MGM le réquisitionne pour les besoins du film. Certaines sources parlent d'une location, pour un montant de 1,5 million de dollars, d'autres disent que le bateau aurait été acheté par Stone et la MGM puis revendu à la fin de la production. En 1961, l'Île de France avait entièrement démembré.
Quoi qu'il en soit, ce navire imposant, prestigieux, et probant exemple du style art déco tient ici le rôle principal et lui apporte tout son sel. On n'oublie pas les performances convaincantes des acteurs, mais avouons que ce navire magnifique - si beau que l'on se demande comment peut on envoyer à la casse une oeuvre d'une telle classe - les éclipse un peu. Les effets visuels sont pour l'époque de toute beauté aussi, puisque certaines parties de l'appareil furent détruites ou inondées devant les caméras.
Drôle de sortie de piste pour ce " Saint Bernard de l'Atlantique " surnommé ainsi après avoir sauvé 1 700 naufragés du paquebot Andrea Doria suite à sa collision avec le Paquebot Stockholm le 26 Juillet 1956. D'ailleurs, le scénario - écrit par - est en partie basé sur l'expérience vécue par une passagère du paquebot Andrea Doria. Fait cocasse: craignant une publicité négative, la société française qui avait construit le paquebot avait d'abord tenté d'interdire son utilisation pour le film, mais finalement consenti lorsque la MGM a décidé de changer le nom du navire. Tous les signes distinctifs de la compagnie maritime devaient être retirés. Cela fut fait, mais rien ne put empêcher que le public ou les critiques identifient facilement l'origine du navire. On ne masque pas si facilement un bateau de 240m de long. Il y a même des plans dans lesquels on voit bien les inscriptions en français sur les appareils de contrôles.
L'emploi d'un tel décor a en outre causé d'immenses problèmes de sécurité lors du tournage et, conséquemment, a entraîné des problèmes relationnels entre Stone et ses comédiens, au point que certains refusèrent de terminer leur contrat. Dorothy Malone a failli se noyer dans une piscine, Stack et Tammy Marihugh ont été retenus par des câbles au-dessus d'un trou de onze pieds de haut, tandis qu'Edmond O'Brien a dû quitter le plateau après avoir été submergé par des milliers de litres d'eau salée. Des risques graves de chocs électriques, des problèmes, nombreux, avec la mafia japonaise et des employés de la compagnie d'Osaka sont aussi survenus, mettant parfois la vie des membres de l'équipe en péril. Et que dire des méduses vénéneuses de la mer du Japon qui forcèrent l'équipe à déménager pour aller tourner la scène finale à Santa Monica.
De cette production périlleuse, il ressort un film captivant, au crescendo dramatique bien construit (même si l'histoire s'éparpille un peu) et qui tient en haleine tout du long de ses très courtes 91 minutes. S'il est discutable sur e plan de l'éthique, The Last Voyage est sans doute l'un des plus grands succès du genre.
Avec les infos de AFI et TCM.