Je passe sans laisser de trace

Publié le 27 octobre 2024 par Paulo Lobo

Vanité, tout n’est que vanité. En attendant le pire, je balaie les feuilles mortes devant la porte et je leur dis bye bye beautés. Vous et moi, on est fait pour s’assembler. On se retrouvera à la prochaine pluie. On s’épiera de loin et de près.  

Cet automne sera mon ultime ballade. Cet automne sera ma lettre d’anticipation, ma lettre de démission, ma lettre de soumission.

Il n’y a rien à attendre des jours, il n’y a rien à attendre des nuits - que des ennuis et des salades frustrées. Le ver est dans le fruit.

Le verre est plein et à demi rempli.

Le temps est une voiture cabossée, bonne pour la ferraille, bonne pour l’oubli.

Le temps n’est plus un baume, c’est une lame de rasoir, un entonnoir sans pitié, un boucher aguerri. Le temps est ce qu'on a inventé de pire après la machine à écrire— ou devrais-je dire, la machine à crever. 

Je dis toujours demain sera un autre jour, mais en réalité, demain est un clairon sans rappel.

Les jours de la semaine ont enfoui leur raison d’être, il n’y a plus de vendredi, plus de samedi, même plus de dimanche. Ils se suivent l’un après l’autre, résignés, sans envie, fades et falots.

Alors vous prendrez bien un dernier verre avant le voyage ? Ce n’est pas la peine, je ne veux pas vous déranger. Je suis fait pour ne déranger personne. Je passe et je ne laisse aucune trace, je trépasse sans avoir marqué ma place.

Après tout, les méchants ne sont pas aussi gentils qu’on le prétend. 

Le dernier désespoir, le dernier des espoirs, la route, ses crocs se sont refermés sur moi, et je ne vois plus qu’un mur moisi, humide et opaque. Les ampoules se sont éteintes, la bibliothèque est vide et sèche. L’eau a cessé de couler. Le robinet est muet.