“Some Time in New York City” : John Lennon entre Gâchis Politique et Chef-d’Œuvre Inachevé

Publié le 27 octobre 2024 par John Lenmac @yellowsubnet

Au milieu des années 1970, John Lennon devait dépasser son rôle d’auteur-compositeur pop. Il avait déjà commencé à faire des avancées audacieuses en tant que célébrité politique, et ni le ridicule ni les actions en justice du FBI n’allaient l’empêcher de s’exprimer dès qu’il avait un micro en face de lui. Lorsqu’il a réalisé un album consacré à des déclarations politiques, on s’attendait à un grand disque. Pourtant, nous avons obtenu Some Time in New York City, un album perçu comme l’un des plus désordonnés jamais réalisés par un ex-Beatle.

Cela ne signifie pas que Some Time in New York City est catastrophique de bout en bout. Un album peut contenir de bons moments tout en étant globalement déséquilibré, surtout une fois la décision prise d’inclure Yoko Ono sur la moitié des morceaux.

Mais avant de blâmer Ono, il faut admettre qu’elle s’en tire plutôt bien avec certaines des meilleures productions et quelques chansons marquantes. Dommage que ces moments soient entourés de morceaux inachevés ou mal exploités.

Pourquoi “Some Time in New York City” est-il un tel gâchis ?

Un album politique de John Lennon semble a priori promis à la perfection, non ? Après tout, des titres comme “Give Peace a Chance” et “Revolution” avaient déjà posé les bases de son engagement. Cependant, en collaborant avec le groupe Elephant’s Memory et en incluant des morceaux incomplets, l’album s’avère un patchwork avec certaines des meilleures, mais aussi des pires chansons de Lennon à cette période.

Commençons par les points positifs. “New York City”, sans aucun doute la meilleure chanson du projet, est un moment où Lennon brille, exprimant son amour pour la Grosse Pomme avec une énergie contagieuse. Malgré un titre douteux, l’ouverture de l’album offre également des cuivres irrésistibles.

Le problème principal réside dans le choix de privilégier la politique au détriment de la musique. Même s’il est possible d’écrire d’excellentes chansons sur des sujets politiques, “John Sinclair” semble plus forcée qu’inspirée. Par ailleurs, même si “Born in a Prison” d’Ono a une mélodie douce, le texte semble s’accrocher à des mots sans souci de leur fluidité.

Et n’oublions pas l’album live qui accompagne le disque. Il oscille entre une performance engageante et des expérimentations dignes des collaborations avant-gardistes que Lennon et Ono avaient initiées pendant les années Beatles. Avec une telle incohérence, on se demande : comment Lennon aurait-il pu améliorer cet album ?

Quelles alternatives auraient pu sauver l’album ?

En réécoutant Some Time in New York City, on réalise que bien des chansons manquent de mélodies marquantes. Plutôt que de les noyer sous des slogans politiques, pourquoi ne pas inclure des titres qui auraient renforcé l’ensemble ?

Puisque Lennon souhaitait un retour à un rock and roll plus brut sur “New York City”, il aurait pu ajouter des morceaux enregistrés à la même époque, comme “Rock and Roll People”, initialement destiné à son album Rock ‘n’ Roll mais resté sur le banc de touche.

De plus, des chansons comme “Give Peace a Chance” et “Power to the People”, qui n’ont jamais figuré sur un véritable album studio, auraient complété à merveille les thèmes de justice sociale et de paix déjà présents dans des morceaux comme “The Luck of the Irish”.

Alors que Paul McCartney travaillait également sur un projet de double album avant de revenir à un format plus concis avec Red Rose Speedway, Lennon aurait pu lui aussi réduire ses ambitions pour créer un disque plus cohérent. En enlevant les chansons faibles et en y ajoutant des singles percutants, Some Time in New York City aurait pu représenter l’équilibre parfait entre le Lennon rockeur et le militant politique en quête de réponses.