L’éclatement des Beatles a inévitablement donné naissance à de brillants morceaux en solo. Bien que leur grandeur collective ait prouvé que les parties n’étaient pas plus grandes que la somme, il est difficile de reprocher à des membres comme Ringo Starr son propre moment de gloire avec “Back Off Boogaloo”.
Outre l’évidence que leurs carrières solo ont livré des titres mémorables, elles ont également enrichi, par procuration, le répertoire du groupe. Après la tristesse de la séparation, l’attente fébrile de voir quelle direction chacun allait prendre a captivé les fans.
Dans cette période post-Beatles, la trajectoire de George Harrison, le Beatle le plus discret, est restée la plus énigmatique. Si l’on pouvait deviner que Ringo allait toujours s’amuser, que Paul McCartney resterait populaire et sympathique, et que John Lennon s’orienterait vers des morceaux plus sombres, Harrison, lui, demeurait un mystère.
Parmi les nombreuses surprises offertes par les membres après la séparation, celle des commentaires sur les nouvelles créations de chacun a souvent intrigué. Tandis que Lennon se montrait prompt à critiquer McCartney, qualifiant sa musique de “granny music”, la réponse de Paul concernant sa chanson préférée de George Harrison a été, à la fois, révélatrice et émouvante. Interrogé par un fan lors de la promotion de McCartney III au milieu de la pandémie, McCartney a révélé : “Here Comes The Sun… C’est une chanson brillante, et c’est vraiment ce dont on a besoin en ces temps difficiles.”
En effet, “Here Comes the Sun” est empreinte d’une lumière apaisante, qui incarne l’optimisme discret et le calme propre à Harrison. Comme il l’expliqua dans Anthology, l’inspiration pour la chanson est née lors d’un moment de libération, après une période de désillusion. “Here Comes the Sun a été écrit à une époque où Apple ressemblait à l’école, où nous devions nous comporter en hommes d’affaires. Signer ceci, signer cela…”, se souvient Harrison. Ce jour-là, plutôt que d’affronter les obligations professionnelles, il choisit de passer du temps chez Eric Clapton, où, se promenant dans le jardin avec une guitare acoustique, il composa cette ode au printemps renaissant.
La chanson, incluse dans l’album Abbey Road de 1969, est l’une des contributions les plus lumineuses de Harrison au répertoire des Beatles. Avec plus d’un milliard d’écoutes sur Spotify, “Here Comes the Sun” est aujourd’hui la chanson la plus populaire du groupe sur la plateforme, surclassant même “Twist and Shout”.
Bien que Harrison n’ait pas toujours reçu la reconnaissance qu’il méritait au sein des Beatles, la beauté intemporelle de “Here Comes the Sun” a fini par transcender ces moments de tension. Bob Dylan lui-même a déclaré un jour : “George s’est retrouvé coincé dans le rôle du Beatle qui devait se battre pour obtenir des chansons sur les disques à cause de Lennon et McCartney… S’il avait eu son propre groupe à l’époque, il aurait probablement été aussi important que n’importe qui d’autre.”
Malgré les tensions passées entre McCartney et Harrison, ils ont réussi à rétablir leur amitié. Et si leur relation fut tumultueuse au départ, l’admiration réciproque de leurs carrières solo a permis à leur lien de perdurer jusqu’à la fin.
En rétrospective, “Here Comes the Sun” symbolise parfaitement le talent de Harrison, une chanson désintéressée, emplie d’espoir et de lumière, qui continue de résonner profondément chez tous ceux qui l’écoutent.
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