Dans un peu plus d’un mois, je prendrai ma deuxième retraite. Autant j’avais attendu la première avec impatience, autant je redoute cette seconde étape.
Ma première retraite a officiellement commencé le 1er janvier 2016, bien que mon dernier jour de travail date du 16 décembre 2015, après une période déjà peu productive. Elle marquait la fin d’une « petite » carrière pédagogique de 37 années qui m’a permis de faire à peu près tout ce qui était possible : instituteur titulaire de classes – toujours multigrades – de la 3e à la 6e primaires, titulaire de classe d’adaptation travaillant principalement avec des enfants de 1re et 2e primaires, chercheur dans deux universités francophones, auteur de manuels scolaires, professeur en « école supérieure de pédagogie », professeur de pédagogie en « régendat », maître de conférences invité à la FOPA, enseignant associé pour une université française, formateur d’adultes tant dans les domaines de l’éducation et de la formation, consultant et accompagnateur de projets dans une quinzaine de pays, (co-)auteur d’articles et d’ouvrages scientifiques, directeur adjoint dans mon entreprise… Il y avait encore des choses à faire, mais j’étais fatigué et surtout le climat professionnel proche s’était fortement dégradé. Il était temps de tourner la page.
Il faut bien le dire : je me suis un peu enfermé sur moi-même, d’autant plus que nous habitions à l’époque dans un superbe endroit, mais totalement coupé du monde. À peine 10 mois plus tard, nous déménagions pour nous rapprocher de la vie sociale – une des meilleures décisions que nous ayons prises, ma femme et moi. Cette nouvelle vie au sein de notre commune nous a amenés à nous engager pleinement en tant que citoyens, jusqu’à nous présenter ensemble aux élections communales de 2018 sur la liste Ecolo. Même si aucun de nous deux n’a été élu, notre engagement a perduré. Pour ma part, il s’est concrétisé en devenant en 2019 co-président de la Locale. Ayant repris également des activités d’écriture, tant romancière que scientifique, je me suis retrouvé à exercer un temps plein, sans avoir de chef et en organisant mon temps comme je le voulais. Le bonheur.
Celui-ci fut parfait en 2020. La crise du Covid nous a offert beaucoup de temps à deux. Ce virus finit par nous toucher presque en même temps. J’ai eu plus de mal à m’en remettre, mais la suite, dépendante ou non, fut bien plus féroce, puisque ce fut un cancer implacable qui s’installa au creux du poumon de ma compagne. Elle n'a pas résisté. Fin 2021, il m’a fallu réapprendre apprendre à vivre seul. Toujours en travaillant beaucoup…
Les errances des chemins de vie m’amenèrent, il y a un an, à devoir prendre une décision aux conséquences importantes : accepter ou non de devenir échevin pour terminer un mandat. J’ai fini par accepter, et je me suis retrouvé en charge des finances, de la mobilité, de la transition énergétique et, dans une moindre mesure, du logement. Ce fut une année intense, passionnante, exigeante, où j’ai tout donné pour relever le défi. Comme prévu, ce job se terminera le 2 décembre prochain.
Le 3 décembre commencera ma deuxième retraite. Avec un vide sidéral, sans doute plus brutal que je ne veux bien l’admettre. Pourtant, ce n’est pas comme si c’était une surprise. Et, après tout, le vide sidéral n’est-il pas constellé de milliards d’astres plus étincelants les uns que les autres ? Le tout est de les trouver et de les atteindre, en espérant qu’ils ne soient pas trop hostiles. Ce nouveau voyage, je ne sais pas trop de quoi il sera fait. Pour le moment, je n’ai aucune certitude, seulement une myriade d’interrogations.
Comme je l’ai toujours dit : on verra.