Plus gros succès de l’histoire du cinéma thaïlandais, Shutter ne pouvait que faire l’objet d’un remake. Connement rebaptisé Spirits pour l’exploitation française, il s’agit d’une énième variation autour du mythe de la revenante asiatique qui cache son mal-être éternel derrière une longue tignasse bien cradingue. Comme chez Nakata, par exemple. La fantômette commence à se manifester en laissant de drôles de traces sur des photographies prises par un jeune couple. Comme chez Nakata, par exemple. Et on découvrira bientôt que les visions d’horreur et les tueries sanglantes qu’elle perpètre ne sont que des appels à l’aide mâtinés de vengeance. Oui, comme chez Nakata. Ce n’est donc pas par l’originalité de son scénario (qui, de toute façon, n’est qu’une photocopie du script d’origine) que Spirits pourra briller.
Le problème, en fait, c’est que le reste n’est pas plus reluisant. Le couple Rachael Taylor - Joshua Jackson est très photogénique mais se révèle bien vite incapable de rendre communicative la terreur qui l’étreint. Idem pour la mise en scène de Masayuki Ochiai, trop planplan pour ce genre de film, ne nous arrachant même pas un ou deux sursauts bien primaires. Une fois encore, on se demande bien pourquoi Hollywood persiste à faire venir de pays étrangers de jeunes réalisateurs plutôt moyens pour leur faire tourner des remakes opportunistes et indigents. Pour pouvoir les modeler à volonté et remplir les bacs des vidéo-clubs ? Sans doute. Cela s’apparente tout de même à un gigantesque gâchis, surtout lorsqu’un type comme Ochiai emmène dans ses valises des techniciens aussi talentueux que Katsumi Yanagijima, chef op sur une dizaine de films de Kitano. Ce qui s’avère complètement inutile au vu de la photographie terne et 100% ricaine de ce machin sans personnalité, sans adrénaline et sans esprit. Un comble pour un film nommé Spirits.
2/10