Il est tant de chemins de ma mémoire qui mènent à Lisbonne, tant de choses que j'affectionne liés au Portugal que je m'étonne de ne pas plus souvent mitonner des plats portugais. Fado, Pessoa, Saramago, Misia, Susana, Amalia, Mariza Carlos, pourquoi ne venez-vous pas parfumer ma cuisine , pourquoi ne vous invitez-vous pas à la table???
Aussi ai-je sauté sur l'occasion quand j'ai découvert que Cinéma au Clair de lune programmait Lisbonne Story pour prévoir un pique-nique en lien avec ma lusophilie.
Pour le dessert, j'ai décidé de dépasser une de mes peurs et de m'essayer aux pasteis de nata mais comme le résultat bien qu'honorable n'attint pas mon espérance, je vous en reparlerai lors du prochain round. La publication d'une recette dans Saveurs m'a convaincue de retenter ma chance.
En guise de plat j'avais misé sur des empadas. Détails ci-dessous.
Une bouteille de vinho verde avait rejoint ma glacière.
Pour les entrées et denrées apéritives, le temps m'ayant manqué j'avais résolu d'aller m'approvisionner dans les rayons du Bon Marche. Mais il semblerait que le Portugal ne soit pas assez glamour pour figurer au Panthéon bonmarchien des gastronomies exotiques. L'Italie sur tout un rayon, l'Espagne une étagère cernée par l'Amérique du Sud mais du Portugal pas une miette...Je fulminai et pestai et fulminai et pestai encore plus quand deux jours plus tard je découvris une tête de gondole entière dédiée aux produits portuguais chez Champion.
Pour les empadas j'ai puisé dans le blog o combien riche de Tasca del Alvira
http://tascadaelvira.blogspot.com/2006/06/empadas-au-poulet.html
J'ai utilisé du vinho verde pour rester dans le ton
Pour la farce il m'en est resté après avoir rempli 12 empreintes à muffins je l'ai terminée le lendemain mêlée à du fromage et des tomates pour remplir des tomates.
J'ai beaucoup aimé le fait d'utiliser le bouillon pour mouiller la pâte.
Ces petites tourtes orangées (teintées par le chorizo et oui j'ai osé j'ai utilisé un chorizo espagnol) m'ont donné terriblement envie de faire des tielles dans ce format-là (on en recausera).
Et comme au final cette farce était un peu trop protéinée à mon goût, je m'en vais retenter l'expérience en version ratatouille pratique pour emporter ses légumes en pique-nique un petit panier croquant.
Même si la pluie faillit compromettre la soirée en tombant drue au bout de vingt secondes de générique, elle eut le bon goût de s'effacer puis de se remanifester seulement par petites intermittences, le film de Wenders fut une cerise (voire un cerisier en fleurs qui plus est) sur le gâteau. Une dose de tendresse, de bonnes pincées de burlesque, une BO magique signée Madredeus, des vues de la ville et du Tage sublimes, des cadrages et des scènes d'une beauté évidente. Et derrière ça une subtile réflexion sur l'usure du regard, le rôle et l'éolution du cinéma, l'érosion des images par la saturation.
Une histoire qui fait penser, rêver, voyager, comme un gout de chair lisboète. Si ce n'est pas à l'écorce qu'on connaît le fruit mais en y plantant les dents, Wenders nous permet de savourer Lisbonne en y plantant son décor. Magistral.