Critique Ciné : Loups-Garous (2024, Netflix)

Publié le 26 octobre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews

Loups-Garous // De François Uzan. Avec Franck Dubosc, Jean Reno et Suzanne Clément.

Netflix frappe fort avec Loups-Garous, une adaptation cinématographique du jeu de société français bien-aimé Les Loups-Garous de Thiercelieux. Ce film réalisé par François Uzan, et porté par un casting de renom comprenant Franck Dubosc et Jean Reno, nous transporte dans un univers fantastique où humour et aventure se côtoient. Pourtant, malgré des moments de franche rigolade et quelques clins d'œil réussis, Loups-Garous laisse les fans du jeu avec un sentiment mitigé. Alors, la question se pose : cette comédie est-elle une adaptation réussie ou une occasion manquée ? L'intrigue suit la famille Vassier, projetée malgré elle dans le passé, au cœur du village de Thiercelieux en 1497, alors qu'ils jouent à une partie de Loups-Garous. Le réalisateur emprunte aux codes des films d'aventure des années 90, rappelant des classiques comme Jumanji, avec une touche de fantastique et des décors colorés.

Après avoir découvert un mystérieux jeu de cartes, une famille se retrouve dans un village au Moyen Âge et doit chaque nuit affronter de dangereux loups-garous.

Il est clair qu'Uzan a voulu transposer l'esprit ludique du jeu en un voyage temporel rocambolesque. Toutefois, le résultat final s'éloigne de l'enquête stratégique propre au jeu et ressemble davantage à une comédie d'aventure familiale, avec des rebondissements humoristiques qui, parfois, semblent détonner par rapport au concept de base. Dès les premières minutes, le ton est donné : Loups-Garous n'a pas pour ambition de révolutionner la comédie française ni d'offrir une expérience cinématographique intense. Plutôt qu'une adaptation sérieuse du jeu de société, c'est une comédie légère, avec un humour typiquement français. Certains dialogues et situations semblent manquer de subtilité, voire caricaturaux par moments. Pour les amateurs de comédies comme Les Visiteurs, ce film a de quoi susciter des sourires, même si l'humour parfois lourd et les blagues répétitives peuvent rapidement lasser. L'un des points forts du film réside dans son casting. Jean Reno, dans le rôle du grand-père Gilbert, ajoute une profondeur inattendue au récit.

Sa relation avec ses petits-enfants et sa propre évolution personnelle apportent une touche d'émotion qui rehausse l'ensemble. Reno réussit à incarner un personnage touchant, même si les situations humoristiques et les gags, parfois poussés à l'extrême, ternissent un peu cette dimension. Le film utilise l'univers du jeu comme point de départ pour ensuite dévier vers un scénario plus libre, où les thématiques abordées s'éloignent souvent du cadre de l'œuvre originale. Le scénario propose en effet des réflexions sur des sujets d'actualité tels que l'identité de genre et le féminisme, abordant les discriminations et les défis auxquels les personnages pourraient être confrontés au Moyen Âge. Bien que ces messages soient louables, leur inclusion semble parfois forcée, au détriment de l'essence du jeu. Le choix de placer ces sujets au centre de l'intrigue est audacieux, mais cela fait perdre en cohérence et en fluidité, surtout pour ceux qui s'attendaient à une aventure centrée sur l'enquête et la chasse aux loups-garous, éléments centraux du jeu.

Le cadre historique est également source de confusion. Les décors, bien que soignés, font davantage penser à un parc d'attractions qu'à une véritable reconstitution du Moyen Âge. Cela nuit parfois à l'immersion et crée une atmosphère décalée qui risque de dérouter les spectateurs. On remarque également un déséquilibre dans le rythme : certaines scènes sont trop longues ou mal rythmées, rendant l'intrigue difficile à suivre pour ceux qui espéraient une structure narrative plus concise. Malgré ses défauts, Loups-Garous offre tout de même des moments divertissants, surtout si on le regarde avec l'esprit léger, en tant que comédie et non comme une fidèle adaptation du jeu. Les moments de complicité familiale, les échanges entre générations, et les références subtiles aux comédies françaises des décennies passées ajoutent une dimension nostalgique qui plaira à un large public. En adoptant cette perspective, on peut apprécier le film pour ce qu'il est : une aventure familiale qui fait sourire, même si elle n'atteint pas le niveau de certaines comédies françaises iconiques.

Le personnage de Gilbert incarne une sagesse et une sincérité qui donnent de la profondeur au film, et la performance de Jean Reno vaut le détour. Sa relation avec ses petits-enfants, souvent tendre et authentique, nous rappelle que le cinéma a également pour rôle de toucher des émotions simples, même dans un contexte de comédie. Franck Dubosc, quant à lui, ajoute la touche d'humour indispensable, même si certaines blagues pourraient gagner en finesse. Loups-Garous n'est ni la comédie de l'année ni une adaptation parfaite de Les Loups-Garous de Thiercelieux, mais il parvient tout de même à divertir. En tant que film familial, il remplit sa mission en offrant quelques rires et une expérience visuelle colorée, idéale pour une soirée sans prétention. Ceux qui espéraient une adaptation fidèle du jeu seront sans doute déçus, car le film s'éloigne rapidement de l'esprit de l'enquête pour se concentrer sur les dynamiques familiales et des thèmes modernes.

Note : 5.5/10. En bref, une adaptation divertissante bien que loin d'être fidèle au jeu de société. Même si le film souffre de certaines maladresses, il réussit à faire rire, prouvant qu'il est possible de transformer un jeu de société en une aventure cinématographique divertissante.

Sorti le 23 octobre 2024 directement sur Netflix