Thank you for smoking

“Actuellement, quand quelqu’un fume au cinéma, c’est soit un psychopathe… soit un Européen.”

“Thank you for smoking” (Jason Reitman, 2006) est un film ayant pour personnage central un porte-parole de l’industrie du tabac américaine. Muni d’un charme terrible et d’un discours rhétorique capable de démonter toutes les logiques désarmées, Nick Naylor relativise devant les media les dangers du tabac et cherche à faire la pub astucieusement pour la Big Tobacco américaine.

Sans vouloir complètement dévoiler la fin, le personnage principal, motivé en grande partie par l’exemple qu’il souhaite donner à son fils, dépasse son propre cynisme et appelle à la responsabilité et au choix de chacun en ce qui concerne la cigarette (et beaucoup d’autres plaisirs et vices potentiellement dangereux). Ce n’est pas pour autant qu’il devient un héros. J’invite ceux parmi vous qui ont vu le film à exprimer vos opinions. Ce film plein d’humour caustique a le mérite de mettre à découvert les vices et stratagèmes de la puissante industrie du tabac, aussi bien que les incohérences et le caractère liberticide des politiques et médecins fanatiques anti-tabac: finalement il n’y a que du marketing des deux côtés (même si les intérêts économiques du côté des anti-tabac ne sont pas bien dévoilés). Les répliques féroces s’y enchaînent à grande vitesse, les acteurs (Robert Duvall, Katie Holmes, William H. Macy) sont excellents, le montage à deux rythmes (soutenu pour la vie professionnelle, posé pour la vie “intime”) est impeccable.

J’ai particulièrement aimé une conversation entre l’ex-Marlboro Man (le cowboy des pubs Marlboro, vieux et souffrant d’un cancer) et Nick Naylor:

Marlboro Man : T’as l’air d’un gars sympa. Pourquoi tu bosses pour ces connards?

Nick Naylor :   Je suis bon. Je fais ça mieux que quoi que ce soit d’autre.

Marlboro Man : Merde, gosse. J’étais bon à tuer des Viêt-Cong. C’est pas pour autant que j’en ai fait une carrière.