J'ai visionné Comme les autres en avant-première mardi soir. Le réalisateur Vincent Garenq était présent, ainsi que le producteur Christophe Rossignon et les deux acteurs principaux Lambert Wilson et Pascal Elbé. Le débat qui a suivi le film était vraiment intéressant car il permettait de comprendre le travail de recherche qui a précédé le film, pour le réalisateur, et l'état d'esprit dans lequel se trouvaient les acteurs pour l'interpréter. Lambert Wilson était vraiment touchant et réfléchi, comme à l'écran. Quant à Pascal Elbé, il s'est avéré plein d'humour. J'ai passé une très bonne soirée ! Le film sortira en salle le 3 septembre.
Comment vous est venue l'idée du film ?
Vincent Garenq : L'histoire m'est venue d'un ami homo, Manu, qui désirait ardemment avoir un enfant. L'idée m'a fait sourire dans un premier temps. Puis j'ai pensé que c'était un mec adorable, qui ferait un super papa. J'ai donc souhaité réaliser un documentaire sur le sujet. Finalement, cela ne s'est pas fait mais je me suis servi de mes recherches pour réaliser un film, avec des choses vraies et pas seulement imaginées.
Est-il difficile de trouver des partenaires financiers pour un tel film, de monter un tel projet ?
Christophe Rossignon : Oui, nous avons rencontré quelques difficultés. Mais le distributeur du film [Mars distribution] a tout de suite eu un vrai enthousiasme de cinéma. C'est un film qui parle avant tout d'amour. Hétéro ou homo, homme ou femme, famille ou pas famille, on peut tous se sentir concernés par le parcours de cet homme qui veut absolument devenir papa.
Lambert Wilson vous étiez très émouvant. Etes-vous vous-même papa ?
Lambert Wilson : Non. Cela ne s'est pas passé comme ça dans ma vie. Mais j'ai toujours adoré le contact avec les enfants. La possibilité de jouer un pédiatre m'a touchée. Surtout que dans ce film, on avait un matériel en or, fait d'une étude très documentée sur les familles homoparentales. Il n'y avait qu'à se laisser flotter, laisser libre cours aux émotions. Contrairement aux autres films, je n'ai pas essayé de composer quelque chose.
N'avez-vous pas hésité à interpréter un tel rôle, de vous voir coller une étiquette ?
Pascal Elbé : J'ai déjà joué un cocu et un lâche et pourtant, je pense que ma femme est quelque fois fidèle et que je suis un minimum courageux. [rires] Non, sérieusement, si je me posais ces questions, je serais à côté de la vision du métier que je me fais. Dans ce film, j'ai juste vu une belle histoire. J'avais envie de jouer avec Lambert, que je connais, et de travailler avec Vincent, de par sa légitimité à faire ce film.
Lambert Wilson : On ne s'est jamais dit qu'il fallait se comporter de telle ou telle façon car cela faisait homo. J'espère que l'on a réussi à s'éloigner des clichés et à ne pas définir les personnages seulement par leur sexualité. Car pour eux, la question de l'homosexualité ne se pose pas.
Est-ce que le film va faire évoluer les mentalités ?
Pascal Elbé : Personnellement, avant le film, je n'étais pas forcément contre l'homoparentalité mais pas nécessairement pour non plus. Si on pose la question en terme d'amour, on voit que ce sont des gens qui ont fait des démarches longues et douloureuses pour devenir parents. Tout doucement, des gens comme moi pourront avoir une autre vision sur ce sujet. Tant mieux si le film y amène délicatement.
Lambert Wilson : Ces familles homoparentales existent. Un seul des parents est le tuteur légal de l'enfant. En cas de décès, l'autre n'a aucun droit et les enfants peuvent vivre un réel calvaire. Les lois sont à la traîne. Il faut encore progresser.
Envisagez-vous de réaliser une suite ?
Vincent Garenq : Pourquoi pas. J'aime l'idée de parler de Zélie. La suite des événements, avec l'éducation et le partage des tâches, est importante. J'y réfléchis.