Pour un tiers des patients, les conséquences du cancer sont aussi financières ; cette nouvelle étude, menée par une équipe de l’Université Northwestern (Illinois) confirme et conclut que les patients atteints de cancer souhaitent aussi une estimation financière des traitements et des soins, au moment du diagnostic de cancer. Alors qu’à la fois l’importance d’une prise en charge personnalisée et holistique du cancer s’impose, ce bilan financier au début des soins devrait en faire partie. Des conclusions présentées dans le JCO Oncologie Practice, une revue de l’ASCO, qui rappellent aussi, sur un plan médical, que les patients stressés par le paiement de leurs soins ont une moins bonne qualité de vie et un risque de décès plus élevé.
L’un des auteurs principaux, le Dr Laila A. Gharzai, professeur de radio-oncologie à la Northwestern University Feinberg School of Medicine, note, que : « le poids psychologique de la toxicité financière ou du stress et de l’inquiétude qui accompagnent ces préoccupations financières est particulièrement lourd pour les patients qui traversent déjà les difficultés du traitement du cancer ». Ainsi, l’estimation des coûts des soins de santé liés au cancer, devrait faire partie du bilan initial, au moment même du diagnostic, et les difficultés de paiement, pour certains patients, devraient être prises en compte dans un dépistage global des obstacles aux soins, et à leur observance.
L'impact financier du traitement, appelé toxicité financière,
comprend les coûts directs, tels que le reste à charge qu'un patient va devoir régler à l'hôpital pour une intervention chirurgicale, une chambre particulière…, et les coûts indirects, tels que les revenus éventuellement perdus, lors du congé maladie ou des consultations et traitements à l’hôpital.
L’étude, la première à solliciter l’avis de patients atteints de cancer sur cette question financière, conclut que c’est bien le souhait exprimé, la plupart d’entre eux appelant à cette évaluation initiale et précoce des besoins financiers liés aux coûts des soins. Menée auprès de 738 patients, principalement des femmes luttant contre un cancer du sein, elle confirme que :
- 83 % des patients préfèreraient que l’équipe soignante puisse préciser les besoins financiers ;
- 82 %, tôt, juste après le diagnostic ou au début du traitement ;
- 78 %, que l’équipe soignante se préoccupe régulièrement de la capacité de paiement du patient à assumer les soins.
Alors que cette étude, avec de précédentes recherches confirme l’association entre la « toxicité financière », une dégradation de la qualité de vie et une augmentation significative du risque de décès, l’évaluation financière précoce s’impose donc, dans le cadre d’une prise en charge globale du patient : une telle évaluation, précoce, permet en effet d’identifier un facteur notable de succès ou de risque d'échec du traitement.
« Il est important de dépister les patients qui présentent un risque de toxicité financière afin de mieux identifier ceux qui en souffrent et de les mettre en contact avec les ressources et les aides sociales et financières possibles. Ces résultats qui valent pour tous les patients atteints de cancer ont des implications importantes pour la politique de santé, qui doit intégrer cet écueil de la toxicité financière, pour de nombreux patients ».
Source: JCO Oncology Practice 15 Aug, 2024 DOI: 10.1200/OP.24.00025 Exploring the Relationship Among Financial Hardship, Anxiety, and Depression in Patients With Cancer: A Longitudinal Study
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Équipe de rédaction SantélogOct 25, 2024Rédaction Santé log