Ah, l' art brut ! Cet univers où l'on ne se prend pas la tête avec les conventions artistiques et où le talent n'a rien à voir avec des années d'études dans des écoles d' art poussiéreuses. Non, ici, on parle d'art sans filtre, celui qui éclate des tripes et qui explose sur le bois, le béton ou même sur un plancher. Oui, un plancher, tu as bien lu. Et pas n'importe lequel : le fameux "Plancher de Jeannot", une œuvre hallucinante, sortie des confins du Bearn à Vic-Bilh et aujourd'hui exposé au musée de l'hôpital Sainte-Anne, qu'on ne risque pas d'oublier de sitôt.
Mais c'est quoi l'art brut, déjà ?
Petite mise au point avant de plonger dans l'histoire de Jeannot, notre star du jour. L'art brut, c'est ce que l'on appelle aussi l'art des autodidactes, des outsiders. Pas besoin d'être une star du pinceau, de squatter les galeries chic ou de chercher l'approbation des experts en bérets. Non, là, on parle d'art créé par des gens qui n'ont jamais vraiment eu la pression de se faire appeler "artistes". Ils dessinent, peignent, sculptent pour eux-mêmes, dans leur coin, souvent à l'écart de la société. Psychiatrie, prison, isolation sociale : c'est ici que l'art brut éclot. Et c'est brut de décoffrage, parfois dérangeant, mais toujours fascinant. Et Jeannot, lui, il a tout donné dans cette catégorie.
Jeannot et son plancher à messages : une histoire folle
C'est Jean Crampilh-Broucaret, alias "Janot" ou "Jeannot", qui est derrière cette œuvre hors du commun. Né en 1939 dans une famille d'agriculteurs, sa vie bascule en 1959 avec le suicide de son père. Après une enfance somme toute paisible, les drames s'enchaînent : Jeannot part faire la guerre d'Algérie, revient profondément marqué, fragile, avec des crises qui deviennent de plus en plus fréquentes. La goutte d'eau arrive avec la mort de sa mère. Incapable de se séparer d'elle, Jeannot refuse l'inhumation traditionnelle et fait enterrer son corps... dans la maison familiale, sous l'escalier. Quelques semaines après avoir gravé son plancher, en 1972, à 33 ans, il choisit de se laisser mourir de faim, dans la ferme familiale du Béarn où il vivait avec une de ses sœurs. Une existence tragique qui se lit dans les mots gravés à même le bois.
Plancher de Jeannot : chef-d'œuvre ou délire ?
Alors, évidemment, à première vue, tu te dis : "Bon, ok, c'est un gars interné qui a griffonné sur le sol... Et alors ?" Eh bien, figure-toi que c'est beaucoup plus que ça. C'est l'incarnation même de l'art brut. Loin des musées bien rangés, c'est une œuvre qui transpire l'intensité. Un cri silencieux gravé à même la terre, dans un espace où l'on enferme les âmes troublées. Ce plancher, c'est une conversation avec le monde, même si ce monde ne le voit pas. Et, soyons honnêtes, ce n'est pas tous les jours qu'on entend parler d'un plancher comme d'un chef-d'œuvre artistique.
On retrouve dans ses gravures une sorte de poétique désespérée. Des mots et des dessins éparpillés, comme si Jeannot essayait de nous dire quelque chose d'important, quelque chose qu'on n'est peut-être pas encore prêts à comprendre. Et c'est là toute la beauté de la chose. C'est mystérieux, profond, perturbant. C'est de l'art brut à l'état pur.
Enthousiasme modéré... ou pas
Bon, on pourrait aussi se dire que l'art, c'est fait pour être beau, agréable à regarder, encadré proprement. Mais ici, on s'en fiche pas mal. L'esthétique classique, c'est surfait, non ? L'intérêt du Plancher de Jeannot, c'est qu'il n'y a pas de calcul, pas de vanité d'artiste cherchant la reconnaissance posthume. Lui, il était là, seul, avec ses pensées, ses démons, et il les a jetés au sol, dans le bois, sans savoir si quelqu'un le verrait un jour. Et aujourd'hui, ce plancher est devenu un symbole de ce que peut être l'art sans fard, sans prétention. Juste l'expression brute d'une âme tourmentée.
Et pour être honnête, si je devais choisir entre une énième expo bien sage d'œuvres contemporaines faites par des gens qui ont payé des fortunes pour apprendre à tenir un pinceau, et le plancher de Jeannot, je choisis Jeannot. Là, au moins, on sent le vrai, le sincère. C'est pas du marketing de l'art, c'est un homme qui parle avec son cœur (et son poinçon).
Verdict Angry Mum
Si tu n'as jamais entendu parler du Plancher de Jeannot, il est grand temps d'aller jeter un œil à ce morceau d'histoire artistique complètement barré. Ce n'est pas du Louvre, c'est même loin des grands musées, mais c'est une œuvre qui frappe fort. Une œuvre qui, d'une certaine façon, te rappelle que l'art, ce n'est pas seulement ce qu'on voit, mais aussi ce qu'on ressent. Et franchement, ce genre de plancher, c'est un truc à vivre au moins une fois dans sa vie.
Alors, Jeannot, merci. Merci d'avoir gravé dans le bois ce que tant d'autres n'auraient jamais osé.
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Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News