“Helter Skelter” : L’histoire derrière le premier morceau de heavy metal des Beatles

Publié le 24 octobre 2024 par John Lenmac @yellowsubnet

Sans doute le moment le plus viscéral de l’histoire des Beatles, “Helter Skelter” est passé d’un jam bluesy à ce qui a été cité comme la première chanson de heavy metal au monde. Enregistré pour The White Album, ce morceau emblématique de Paul McCartney a marqué un tournant dans l’évolution sonore du groupe.

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Les débuts de “Helter Skelter” : une version légère et acoustique

Alors que Paul McCartney se préparait à enregistrer “Blackbird” au studio 2 d’Abbey Road, il s’échauffa avec une première version de “Helter Skelter“. Loin du rocker criard que nous connaissons aujourd’hui, cette première mouture était un morceau acoustique léger et funky, avec une voix en falsetto. Cela contrastait fortement avec la version finale qui allait devenir l’un des titres les plus bruyants et viscéraux des Beatles.

McCartney était déterminé à créer le morceau le plus heavy du répertoire des Beatles. Dans une interview accordée à Radio Luxembourg en novembre 1968, il a expliqué les origines de la chanson : “J’avais lu une critique d’un disque qui disait : ‘Ce groupe est vraiment déchaîné, avec de l’écho sur tout et des cris’. Et puis j’ai écouté le disque et il était très propre. Je me suis dit : ‘Eh bien, nous allons en faire un comme ça, mais avec vraiment du bruit’“.

Une session épique de 27 minutes

La première tentative d’enregistrer “Helter Skelter” a eu lieu le 18 juillet 1968. À ce stade, les Beatles ont produit une version beaucoup plus lente, bluesy et improvisée, avec John Lennon à la basse et Ringo Starr maintenant un groove rigide à la caisse claire. Au total, ils ont enregistré plusieurs versions ce soir-là, dont une épique de 27 minutes et 11 secondes, avec des paroles encore inachevées. McCartney alternait entre “Helter Skelter” et “Hell for leather“.

Cependant, aucune de ces prises n’atteint le niveau de volume et d’énergie que Paul recherchait. Le groupe reprend donc “Helter Skelter” les 9 et 10 septembre à Abbey Road, cette fois-ci en poussant leurs guitares et leur batterie à la limite. John ajoute un saxophone grinçant et un piano vers la fin, tandis que le roadie Mal Evans intervient avec une trompette.

La folie en studio

Ringo Starr a décrit cette session comme une période de “folie totale et d’hystérie dans le studio”. McCartney se souvient dans ses mémoires, Many Years From Now : “Nous avons demandé aux ingénieurs de rendre le son aussi fort et horrible que possible, puis nous avons joué jusqu’à ce que Ringo crie : ‘J’ai des ampoules sur les doigts !’. Ses mains saignaient vraiment à la fin de la prise“.

La version stéréo de “Helter Skelter” est particulièrement mémorable pour ce cri de Ringo, absent du mixage mono. Sur la version stéréo, après le fondu, la cacophonie reprend, avec des bruits de saxophone ressemblant à des mouettes, avant que le tout ne s’effondre et que Ringo ne lâche sa phrase légendaire.

“Helter Skelter” : le premier heavy metal ?

Ce travail acharné a donné naissance à l’un des morceaux les plus lourds des Beatles, souvent cité comme la toute première chanson de heavy metal. Son accompagnement martelant, ses guitares suralimentées et la voix hurlante de McCartney en sont les marques distinctives. Il est évident que “Helter Skelter“, comme d’autres morceaux de The White Album, puise son inspiration dans le blues-rock lourd en vogue à l’époque.

De nombreux artistes ont repris la chanson, notamment Mötley Crüe en 1983 et Siouxsie and the Banshees en 1978, mais aucune version n’égale la puissance brute de l’original des Beatles. “Helter Skelter” reste un vacarme viscéral et phénoménal, un classique qui a redéfini les limites du rock and roll.