Quand as-tu commencé à peindre ?
Je tague depuis tout petit et j’ai fait mes premiers tags à la bombe tout jeune, rien de concluant ; j’habitais un petit village et ça se savait vite que c’était moi. Je dessinais énormément mais je me trouvais pas assez bon en faisant du graff sur papier. Après, la vie a fait que j’ai arrêté pendant un long moment même si j’avais toujours un marqueur dans la poche pour poser mon premier blaze officiel qui était KORE. J’ai vraiment commencé à toucher la bombe beaucoup plus tard à 30 ans : j’avais besoin de retrouver de l’action dans ma vie. Il y a une bonne scène à Orléans et ça donne envie de se lancer aussi : je m’en sentais capable.
Quel est ton blaze ?
Mon blaze c’est SAPKA, ça veut dire chapeau en Hongrois. Je porte toujours un chapeau dans les festivals, ça vient de là.
Qu’est-ce qui t’as interpellé dans ce mouvement
Depuis tout petit quand je bouge dans les grandes villes la chose qui me fascine le plus c’est les graffs. Je pouvais passer le trajet à la fenêtre pour les voir. Je me demandais toujours comment ils pouvaient réussir à faire ça, souvent sur des spots de dingues. Et j’ai découvert le magazine « Radikal » à l’ancienne où il y avait toujours quelques pages sur le graff : c’est ça qui m’a fait débuter. Je me souviens d’un numéro en particulier avec Marko 93, j’adorais recopier ses calligraphies et ses graffs sur papier.
Peux-tu nous parler de ton premier mur et de ton premier tag ?
Mon premier tag, j’étais gamin, déjà on avait un petit garage et mon frangin qui était peintre en carrosserie avait souvent des bombes pour peindre ses cadres de mobylettes. Du coup on s’entraînait sur le mur du garage : il était repeint en entier et après je me suis essayé dans le village je devais avoir 12 ans. Mon premier mur n’en était pas un, j’ai tapé un fret pour mon premier graff. Petite dédicace à RONA et RESTSU qui m’avaient emmené sur le spot. C’était en 2017. En vrai le train était super haut j’avais pas prévu, je peignais à bout de bras et j’avais le doigt en vrac avec la bombe. Le temps que je fasse mon truc éclaté RONA avait tapé un whole-car de l’autre côté. Bon souvenir.
Quelqu’un t’a initié ?
Comme je l’ai dit avant RONA et RESTSU m’ont emmené faire mon premier graff. Après, j’ai beaucoup peint avec SHEY et RETSU. En particulier avec SHEY qui m’a appris pas mal de choses dans la construction de mon lettrage et même en technique pour peindre. Très grosse pensée pour lui, j’espère qu’il nous voit et qu’il cartonne tout de là-haut. Paix a son âme.
As-tu besoin de la rue pour ton imaginaire créatif ?
Oui, j’aime énormément le vandale et voir les prouesses de certains me pousse souvent à aller plus loin et à faire mieux. Je suis fasciné encore une fois de voir les mecs qui descendent en rappel, ou qui ont un style ultra propre alors qu’ils peignent des spots super chauds. Tout comme les malades que tu retrouves au quatre coins de la France et de l’Europe comme SINEK qui est GSR comme moi ou AVIR. C’est des grands malades.
Explique-nous comment tu passes du papier au mur ?
Pour mon lettrage, c’est rare que je les fasse en couleur : je trace sur papier et une fois que j’arrive à trouver un lettrage ou un tag qui me plaît, chose qui peut prendre énormément de temps, je le répète pendant des jours sur tous les bouts de papier que je peux trouver jusqu’à l’avoir en tête par cœur. Après je fais la même chose sur les murs. Pour ce qui est des persos, je vais faire des montages avec plusieurs éléments que je trouve sur internet.
Où puises-tu inspiration ?
Un peu partout, dans la calligraphie, les BD et les magazines que je lis depuis tout petit, les mangas… Internet, on ne va pas se mentir, c’est une source d’inspiration sans fin maintenant.
Peux-tu nous parler du moment où tu prépares ton sketch ?
Comme je l’ai dit plus haut, je trace uniquement mes lettrages, c’est très rare que je les fasse en couleur. Je mets les couleurs sur le mur. Et quand c’est plus complexe, qu’il y a des paysages ou des persos, je fais des montages avec mon téléphone et plusieurs applications qui me permettent de gommer le fond et de superposer plusieurs éléments.
Pourquoi es-tu attiré par les couleurs chaudes/froides ?
Pour ce qui est des couleurs, c’est difficile d’avoir une préférence mais avec le temps je m’aperçois que je reviens souvent au bleu. Mais dans un graff où il n’y a que des couleurs froides j’adore ajouter une touche de couleur chaude et inversement. Après, c’est selon les périodes.
Avec qui as-tu le plus travaillé ces dernières années ?
Avec RIRE FISH : il a déménagé un peu plus loin maintenant donc on se voit moins. Mais on a beaucoup peint ensemble et aussi fait des projets pros, étant à notre compte dans le graffiti.
Que penses-tu du tag ?
Le tag, c’est la base ! Un bon graffeur se doit d’avoir un bon tag ce n’est que mon avis. J’ai mis des années à maîtriser mais maintenant je peux dire fièrement que je commence à toucher. En vrai, j’essaye de savoir faire toutes les lettres et pas uniquement mon blaze. Je recherche toujours des nouvelles lettres et des nouvelles manières de taguer mon blaze. J’ai trouvé un nouveau tag : j’ai envie de le poser partout tout le temps. Il m’arrive de m’arrêter en voiture pour en poser un et repartir. Je n’ai pas toujours graffé mais j’ai toujours tagué.
Pourquoi t’es-tu mis à poser des tags dans la rue du jour au lendemain ?
J’aimais ce côté interdit et que personne ne puisse savoir qui l’a fait. Ça prend quelques secondes et t’as moyen d’éclater une façade en un rien de temps. J’adore l’idée.
Est-ce qu’il y a un mur que tu n’as pas encore fait mais que tu voudrais faire ?
Oui plein ! Mais les bons spots ça ne se donne pas.
Quel est le mur que tu as peint et qui marque pour toi une nouvelle étape ?
Un graff que j’ai fait pendant un festival qui s’appelle le RUR. C’est le premier graff où j’étais fier de moi que ce soit dans les couleurs, les proportions et la propreté de mon graff. C’était un lettrage SAPKA. Et il y en a eu un autre mais c’était un contrat pro, j’ai peint la main de dieu, une fois fini je me suis dit que je pourrais peindre ce que je voudrais derrière.
As-tu eu des collaborations avec des peintres qui ne viennent pas du graffiti ?
Pas particulièrement, mais avec le temps ça va venir. J’ai pour projet d’apprendre à tatouer avec un pote qui a son salon. Et on a plusieurs projets en construction.
Est-ce que cela a été enrichissant pour toi ?
Jusqu’ici j’avoue que j’ai préféré travailler seul pour différentes raisons que je n’étalerais pas ici.
Grosse dédicace à mes crews, GSR et, en particulier, à CLINE, HALEE et BSER. Aux FTP avec mon ami ROAR ainsi que FREY et MANE. Aux GRK en particulier à ASKOM c’est bang bang mon pote, SEUL2 et encore CLINE que je remercie pour le support qu’il m’a toujours apporté. Et pour finir les ORLINS DOGS !!! Avec RIRE FISH, le FREAKS et le RONFL grosse force à toi mon ami on est là !
Et à tous mes Orléanais qui m’aiment ou qui ne m’aiment pas c’est la même.
RIP à SHEY, SAIAN et CSER on vous embrasse les mecs !