Dans la banlieue toulousaine, un nouveau concept de magasin fait son apparition : Geev Shop. Présenté comme une révolution dans le monde du don et de la seconde main, ce commerce soulève pourtant de nombreuses questions sur notre société de consommation et les inégalités qui la traversent.
Un concept "innovant" ?
Geev Shop se présente comme une boutique physique issue de l'application de dons entre particuliers. L'idée ? Permettre aux utilisateurs de donner et récupérer des objets gratuitement, le tout dans un cadre "branché". Mais derrière cette façade de générosité et d'économie circulaire se cache une réalité bien moins reluisante.
La précarité, nouveau filon marketing
En ouvrant ses portes, Geev Shop ne fait que confirmer une tendance : la marchandisation de la pauvreté. Sous couvert de solidarité, ce concept surfe sur la détresse économique d'une partie croissante de la population. Il offre aux plus démunis l'illusion de pouvoir consommer "comme les riches", sans pour autant remettre en question les fondements d'une société profondément inégalitaire.
L'accumulation 2.0
Loin de nous sortir de la spirale consumériste, Geev Shop ne fait que la renforcer. En proposant des objets gratuits, l'enseigne encourage une nouvelle forme d'accumulation. Les utilisateurs sont incités à acquérir toujours plus, sous prétexte que c'est "gratuit" et donc "écologique". Mais qu'en est-il réellement de l'impact environnemental de cette surconsommation, fut-elle de seconde main ?
L'illusion du shopping pour tous
Geev Shop se targue de démocratiser l'accès à la consommation. Mais n'est-ce pas là une vision terriblement cynique de l'égalité ? Plutôt que de questionner un système économique qui creuse les inégalités, on préfère offrir aux pauvres un simulacre d'expérience shopping. Une manière de les maintenir dans l'illusion qu'ils participent à la grande fête de la consommation, alors même qu'ils en sont les principaux exclus.
La fin d'Emmaüs ?
Face à l'émergence de ces nouveaux acteurs "trendy" de la seconde main, que deviennent les structures historiques comme Emmaüs ? Jugées moins "cool", moins "instagrammables", ces associations risquent de voir leur public se réduire. Pourtant, leur approche, ancrée dans une véritable démarche sociale et solidaire, n'a-t-elle pas plus de sens que le modèle Geev Shop ?
Ah, Emmaüs... cette institution qu'on pensait intouchable, ce bastion de la bonté incarnée, s'effondre sous les révélations croustillantes sur l'abbé Pierre. Oui, le sauveur des pauvres a soudain quelques squelettes dans le placard, et voilà qu'on découvre que même les héros ont leurs petits travers. Le choc ! Les fidèles d'Emmaüs, eux, tentent tant bien que mal de sauver les meubles. Pas simple de prêcher la charité quand le fondateur, ce bon abbé, voit son aura éclaboussée par des accusations qui bousculent tout le mythe. Du coup, les communautés Emmaüs se retrouvent avec un sacré défi : continuer à aider les plus démunis tout en se demandant comment colmater la brèche dans la confiance du public. Allez, courage ! Si l'abbé pouvait redonner vie à des meubles cassés, ils arriveront peut-être à faire pareil avec leur réputation...
Un pansement sur une jambe de bois
En définitive, Geev Shop apparaît comme un symptôme de notre incapacité collective à repenser en profondeur notre modèle de société. Plutôt que de s'attaquer aux racines des inégalités et de la surconsommation, on préfère créer des concepts marketing qui donnent bonne conscience aux uns et l'illusion de la consommation aux autres.
Le prix de la gratuité
Si Geev Shop connaît le succès, ce sera moins le signe d'une société plus solidaire que celui d'une précarisation croissante, habilement mise en scène et exploitée. Car ne nous y trompons pas : si ce service est "gratuit" pour les utilisateurs, quelqu'un, quelque part, en tire profit. Et ce quelqu'un n'est certainement pas le plus précaire de l'histoire.
Alors, faut-il se réjouir de l'ouverture de Geev Shop près de Toulouse ? Peut-être. Mais n'oublions pas de nous poser les vraies questions sur le monde que nous voulons construire. Un monde où la solidarité se mesure en likes et en followers est-il vraiment celui auquel nous aspirons ?
Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News