Tulsa King // Saison 2. Episode 6. Navigator.
La saison 2 de Tulsa King avait commencé sur des bases prometteuses, avec Sylvester Stallone dans le rôle de Dwight Manfredi, apportant à la série un charme brut et un humour mordant. Pourtant, à mesure que la saison avance, il devient de plus en plus évident que quelque chose ne fonctionne plus aussi bien. L'épisode 6 est un exemple parfait de cette dérive : malgré quelques moments intéressants et des dialogues bien sentis, l'intrigue s'enlise, et l'on a du mal à retrouver l'intensité qui faisait la force de la première saison. Le cœur de cet épisode tourne autour de Tyson, le chauffeur et homme de confiance de Dwight, et de sa relation avec son père. Tyson, voulant faire plaisir à ce dernier, lui offre une journée à bord de la voiture de Dwight, une luxueuse Lincoln Navigator. C'est une belle idée en apparence, mais l'ombre de la menace plane tout au long de la scène, avec une voiture blanche qui les suit de manière inquiétante.
On sait que les ennemis de Dwight rôdent, et cela devrait créer une montée de tension... mais l'effet tombe à plat. La tentative de l'épisode de reproduire des moments cinématographiques comme dans Le Parrain, avec l'explosion d'une voiture, semble presque trop télégraphiée. Le moment où Tyson réalise trop tard que son père est en danger rappelle des scènes iconiques du cinéma, mais ici, cela manque d'impact. Le lien émotionnel entre Tyson et son père, bien que touchant, ne suffit pas à compenser le manque de suspense. Une autre faiblesse de cet épisode réside dans les nombreuses références à des œuvres célèbres. Le scénariste en chef, Terence Winter, puise visiblement dans des classiques comme Breaking Bad et Les Soprano, mais cela finit par nuire à la série. De plus, la scène où Cal menace Armand, l'informateur réticent de Dwight, perd en crédibilité. La violence verbale de Cal semble exagérée et inutilement dramatique, surtout lorsque l'on sait que ses propres alliés commencent à le mépriser.
On ne sait plus très bien si cette surenchère est voulue pour souligner la faiblesse de Cal ou si elle est simplement mal écrite. Un autre problème qui commence à émerger dans cette saison est le sous-emploi des personnages secondaires, notamment celui de Joanne, la sœur de Dwight. Annabella Sciorra, qui interprète Joanne, est une actrice talentueuse avec un rôle mémorable dans Les Soprano. Mais ici, son personnage est réduit à des platitudes italiennes et des tâches secondaires, comme aider Bodhi à mettre en place une boutique en ligne pour vendre des produits à base de CBD. Il est frustrant de voir un personnage avec un tel potentiel psychologique rester à la périphérie de l'intrigue principale, sans véritable développement. On voit quelques éclats de ce qu'elle pourrait apporter à la série, notamment lors d'une scène où elle fume un joint, un moment qui rappelle pourquoi son personnage dans Les Soprano était si captivant.
Malheureusement, cela ne va pas plus loin. L'épisode culmine avec une réunion à Atlanta entre Dwight, Bill, le chef de Kansas City, et Chickie, le chef de New York. Chickie, dans une erreur ridicule, se fait arrêter à l'aéroport pour avoir porté une arme dissimulée, laissant son sous-chef Vince gérer la réunion à sa place. Ce qui aurait pu être un moment tendu et stratégique se transforme en une négociation fade où aucun des protagonistes ne parvient vraiment à tirer son épingle du jeu. Dwight sort de la réunion avec un accord sur la vente de cannabis à Kansas City et une proposition commerciale concernant des médicaments comme l'Ozempic à New York. Mais rien de tout cela ne semble avoir de véritable importance, et la scène manque cruellement d'enjeux. Vince repart bredouille, prouvant que Chickie avait raison de douter de lui, mais tout cela semble peu convaincant.
La dynamique des personnages et la tension qui devraient être présentes dans ce genre de rencontre mafieuse ne sont tout simplement pas au rendez-vous. L'un des aspects les plus frustrants de cet épisode est que Tulsa King montre parfois des éclairs de ce qu'elle pourrait être. Les dialogues secondaires, souvent plus légers, sont là où la série brille encore. Par exemple, les conversations entre Mitch et Goodie, ou entre Fred le gardien de sécurité et Joanne à propos de sa focaccia, apportent une touche d'humour bienvenue. Ces moments montrent que les scénaristes savent écrire des échanges humains crédibles et engageants, mais ces moments ne suffisent pas à redresser une intrigue qui s'essouffle. De plus, la série regorge de personnages secondaires solides, comme Bill, interprété par Frank Grillo, qui parvient à apporter une certaine intensité à ses scènes. Mais encore une fois, la série ne parvient pas à exploiter pleinement le potentiel de ces personnages.
En conclusion, cet épisode 6 de Tulsa King reflète bien les problèmes de la saison 2 dans son ensemble. Alors que la première saison nous avait captivés avec une intrigue serrée et des personnages fascinants, cette nouvelle saison semble en roue libre. Les références lourdes à d'autres séries, les intrigues peu convaincantes et l'exploitation incomplète des personnages secondaires nuisent à l'ensemble. Si Sylvester Stallone continue de porter la série avec son charisme et son humour, cela ne suffit pas à masquer les faiblesses de l'écriture. On espère que la série retrouvera son souffle d'ici la fin de la saison, mais pour l'instant, la magie de Tulsa King semble s'étioler.
Note : 3.5/10. En bref, la saison 2 continue sa dérive. L'intrigue s'embourbe et la tension retombe.
Disponible sur Paramount+