Ness est entièrement inspirée du livre éponyme, écrit et illustré respectivement par Robert Macfarlane et Stanley Donwood (ce dernier s’étant notamment fait connaître pour sa collaboration de très longue date avec Radiohead et donc Thom Yorke et, plus récemment, The Smile). Ce livre, publié en 2019, soit la même année que le tout premier album solo de Hayden Thorpe Diviner, rend hommage à Orford Ness, un site désormais devenue une réserve naturelle mais qui, pendant les deux guerres mondiales puis la guerre froide, servaient notamment de site pour des essais atomiques mais aussi pour ce qui allait devenir le célèbre système de défense, le radar.
Ness est un poème magnifiquement bizarre, une parabole écologique dans laquelle un groupe de scientifiques dont l’Armurier, le Physicien, l’Ingénieur et l’Ornithologue se réunissent dans la Green Chapel afin de comploter sur la fin du monde. Dans le même temps, cinq formes naturelles – celles dessinées par Stanley Donwood sur la couverture de l’album – nommées it, he, she, they et as se rejoignent à la chapelle pour réclamer la terre et éviter de la catastrophe.
Pour créer les paroles de son troisième album, Hayden Thorpe a lu et relu Ness, en gardant uniquement les phrases, les expressions, les mots qu’il trouva les plus essentiels – que au sens ou à la poésie de ses treize chansons qui en sont alors nées. Il y chante et joue de la guitare, de la basse, du piano, du clavier, la programmation et les percussions, accompagné de Cherif Hashizume, Kerry Andrew, Jack McNeill et son ensemble Propellor Ensemble, Fabian Prynn, Leo Abrahams, Molly Gromadzki, Erland Cooper et même Robert Macfarlane à la lecture sur « He » et « As ».
Quand bien même tout ferait penser le contraire, Ness est bel et bien une œuvre aussi intime que personnelle de la – attention : clin d’œil – « bête sauvage » Hayden Thorpe. Musicalement, je retrouve tout ce que j’ai toujours aimé chez lui et que j’avais perdu avec son dernier album (que je vais réécouter, avec une nouvelle oreille si possible) alors que Diviner avait été l’un de mes préférés de 2019. Qu’en sera-t-il de Ness cette année ?
(in Heepro Music, le 23/10/2024)
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