Mise à jour le 21/10/2024 par Angry Mum
Du 18 au 20 octobre, se tenaient les Journées Nationales de la Réparation. Oui, vous avez bien lu, ces journées existent bel et bien. Pourtant, si vous n'étiez pas au courant, ne vous sentez pas seul·e. Cet événement, d'une importance capitale pour la transition écologique, passe chaque année sous un silence assourdissant. Une occasion manquée pour sensibiliser et encourager les citoyens à adopter des gestes simples et efficaces pour lutter contre l' obsolescence programmée et la surconsommation. Mais alors, pourquoi cet engouement pour la réparation reste-t-il si discret ?
Le manque de bruit médiatique : un sabotage involontaire ?
Il serait facile de blâmer les médias pour leur manque d'attention envers cet événement. Mais ce silence résulte en réalité d'une négligence collective. Réparer nos objets cassés, c'est une vraie révolution dans nos modes de consommation. Pourtant, cette révolution avance à pas de fourmi. Pourquoi ? Peut-être parce que la réparation n'a pas le glamour d'un nouvel achat. Avouons-le, la société de consommation est bien rodée pour faire vibrer nos pulsions d'achat impulsif, bien plus que notre envie de sortir le tournevis ou de chercher un réparateur compétent.
Ces journées de la réparation auraient pu - auraient dû ! - servir de tremplin à un véritable changement de mentalité. Imaginez des ateliers de réparation de smartphones dans toutes les villes, des campagnes nationales sur les avantages économiques et écologiques de réparer plutôt que jeter. Au lieu de cela, l'événement reste dans l'ombre. Même les marques elles-mêmes semblent parfois préférer nous inciter à acheter du neuf plutôt que d'entretenir ce que nous avons déjà.
Le vrai frein à la réparation : une offre défaillante
C'est là que l'enquête de Reporterre entre en jeu. Selon leur article intitulé Le gros frein à la réparation des objets, c'est le manque d'offres, l'un des principaux obstacles au développement de la réparation est le manque criant de réparateurs disponibles. Et ce n'est pas faute d'une demande croissante. Les consommateurs semblent prêts à sauter le pas, mais ils se heurtent à une offre insuffisante. En clair, il n'y a pas assez de petites mains pour remettre à neuf nos objets du quotidien.
Ce paradoxe illustre bien l'absurdité du système actuel : alors que réparer coûte souvent moins cher que remplacer, que c'est plus respectueux de l'environnement et qu'en plus cela crée de l' emploi local, nous manquons de structures pour rendre la réparation accessible à tous. Pas assez d'ateliers, pas assez de techniciens, et surtout, trop de complications pour obtenir les pièces nécessaires, souvent sous le monopole des grandes marques.
Habitudes et freins : pourquoi on ne répare pas (encore) ?
L'offre limitée n'est pas le seul frein à la réparation. D'un point de vue culturel, nous sommes encore largement influencés par l'idée que le neuf est mieux. Ce réflexe d'acheter au lieu de réparer a été soigneusement entretenu par des décennies de marketing, mais aussi par une obsolescence programmée qui rend difficile, voire impossible, la réparation de certains objets. Le manque de connaissances techniques joue aussi un rôle. Qui, dans sa vie de tous les jours, sait comment ouvrir et réparer son grille-pain ou son smartphone ?
De plus, soyons honnêtes : l'achat en ligne, rapide et ultra-convenant, rend la tentation d'acquérir un nouvel objet irrésistible. Pourquoi passer des heures à chercher un réparateur, puis à attendre des jours que l'objet soit prêt, quand en quelques clics, vous pouvez avoir un produit flambant neuf dans votre boîte aux lettres le lendemain ?
Des initiatives à encourager, mais encore insuffisantes
Certains mouvements comme les Repair Cafés ou les ateliers de réparation de quartier montrent que la tendance à la réparation est bel et bien en marche. Ces initiatives sont précieuses, mais elles ne peuvent pas, à elles seules, renverser la vapeur. Il faut une véritable volonté politique et économique pour pousser à la réparation : la formation de nouveaux réparateurs, un accès plus libre aux pièces détachées, et une sensibilisation massive du public. L'objectif ? Faire de la réparation une norme, et non une exception.
Le futur de la réparation : réveiller les consciences
Le silence autour des Journées Nationales de la Réparation est révélateur d'un problème plus profond : la réparation n'a pas encore trouvé sa place dans notre société consumériste. Et pourtant, elle est un élément clé dans la réduction de nos déchets et dans la lutte contre le dérèglement climatique. À l'heure où l'on parle de sobriété énergétique, de préservation des ressources et de réutilisation des matières, la réparation doit devenir un réflexe quotidien.
Il est temps de mettre la réparation sous les projecteurs, de valoriser les métiers de réparateur et de rendre ce service accessible à tous. La société de demain devra faire la part belle à la durabilité, et cela passe, entre autres, par l'apprentissage d'une culture de la réparation.
Alors, pour la prochaine édition des Journées Nationales de la Réparation, espérons que les choses bougeront. En attendant, à nous de jouer : la prochaine fois que votre grille-pain fait des siennes, pensez à la réparation avant de céder à l'appel du neuf. Parce que finalement, c'est ensemble que nous changerons les choses, un objet réparé à la fois.
Pour aller plus loin :
- https://journeesreparation.fr/
- https://reporterre.net/Le-gros-frein-a-la-reparation-des-objets-c-est-le-manque-d-offres
Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News