Le "mythe du refuge climatique" est un mensonge qui nous berce d'illusions et creuse un fossé entre les réalités que vivent les riches et les pauvres face au dérèglement climatique. Le concept même de "refuge climatique" - ces endroits soi-disant à l'abri des pires effets du changement climatique - a gagné du terrain ces dernières années, mais il repose sur une fiction. Ce mythe promet qu'il existe des lieux sécurisés, loin des catastrophes naturelles, où l'on pourrait se réfugier. Pourtant, comme l'ont démontré des événements récents, notamment les inondations à Asheville, en Caroline du Nord, ces havres de paix n'existent tout simplement pas
D'où vient ce mensonge ?
L'idée a été popularisée en partie par des experts cherchant à donner de l'espoir dans un contexte de crise climatique grandissante. Selon Jesse Keenan, directeur du Centre pour le Changement Climatique et l'Urbanisme à l'Université Tulane, le concept de "refuge climatique" a été utilisé pour apaiser les peurs, même si lui-même admet qu'il ne s'agit que d'un fantasme. Ce mythe a ensuite été amplifié par les médias et certains gouvernements locaux, désireux de redynamiser des régions délaissées, notamment dans la Rust Belt, en attirant de nouveaux résidents et, par la même occasion, de nouveaux revenus fiscaux. La promesse de vivre dans des lieux à l'abri des incendies, ouragans et autres calamités est devenue un outil marketing pour l'immobilier et l'économie locale.
Pourquoi continuer à y croire ?
Ce mensonge persiste pour deux raisons principales : l'optimisme désespéré des populations et les intérêts financiers des promoteurs immobiliers. Alors que la réalité climatique devient de plus en plus dure à ignorer, certaines villes et régions y voient une opportunité pour attirer des personnes à la recherche d'un lieu sûr. Mais cela sert aussi les intérêts de l'industrie immobilière, qui voit dans la vente de cette "illusion de sécurité" un moyen de garder les affaires florissantes, sans jamais garantir que ces lieux ne seront pas un jour touchés par des catastrophes naturelles.
Nous sommes tous sur le même bateau
Il est temps de rappeler une vérité incontournable : personne n'échappera aux effets du changement climatique. Que l'on vive à Buffalo, à Asheville ou à Paris, les risques sont présents partout, même si certains en souffriront plus que d'autres. La différence majeure ? Ce sont les plus pauvres qui paient le prix le plus cher. Ce sont eux qui vivent dans les zones les plus vulnérables, les habitats les moins bien protégés. Ce sont eux qui ne peuvent se permettre ni assurance, ni relocalisation. Ils subissent de plein fouet les inégalités face au changement climatique. En définitive, au lieu de chercher des refuges climatiques illusoires, il est impératif de comprendre que la crise climatique est un problème mondial qui nécessite des solutions collectives. Ce n'est pas en fuyant vers de supposés havres que nous réglerons la crise.
Suite à la lecture de : https://www.wired.com/story/the-origins-of-the-climate-haven-myth/
Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News