Recueil poésie - 140 pages
Editions Castor Astral - mars 2022
Editions poche Le Castor Astral - octobre 2024
Cécile Coulon vient de perdre sa grand-mère et s'abandonne à une douce mélancolie que vient envelopper l'hiver. Les souvenirs reviennent, l'enfance rurale en Corrèze, les journées passées auprès de son aïeule. Submergée de tendresse, de reconnaissance et de deuil, elle écrit cette poésie quotidienne.
Elle l'écrit de manière aussi intime que pudique. Le lecteur doit aussi s'abandonner à la délectation de la musique qui émane des pages. Cette mélodie ne fait pas tant de fracas, elle est fine mais elle est là, délicate, travaillée. De la prose et des rimes qui moi m'ont bercée. En lisant les poèmes de Cécile Coulon j'ai parfois un désagréable sentiment d'inégalité, coincée entre des vers que je trouve réussis, virtuose de simplicité, de justesse et de musique, et d'autres fois, le sentiment que la phrase est posée en restant bancale, scolaire. Mais j'ai particulièrement apprécié lire ce recueil, à de nombreuses reprises j'ai trouvé les vers sublimes.
Extrait :
"Tu meurs un jour de muguet, un jour de fête, un jour de 1er Mai.
Cela te va si bien - ce départ qui, je te le promets, pour moi, pour toi,
n'en sera jamais un.
Je n'ai pas les mots pour couvrir de mousse
la pierre que j'ai à la place du sourire (...)"
Extrait :
"Tu as trois fois mon âge, c'est si grand dans le temps des hommes et des femmes,
c'est si court dans le temps du monde encore bleu.
Tu as trois fois mon âge et je m'abreuve à tes histoires
comme une mule de retour après une montée raide."
Extrait :
"Je vois comme ma figure est en train de changer,
ma grand-mère depuis un autre temps m'offre ses lignes
au front, aux yeux, autour du nez,
j'en ferai des lianes pour sentir les larmes remonter.
Qu'il vienne, le bel hiver, qu'il fige ma douceur
dans des nuits longues et des aubes où tout se tait."
Ensuite vient la deuxième partie du recueil, on se détache de la grand-mère, et Cécile laisse place à l'amour dans sa vie, dans ses écrits, mais aussi à la perte de celui-ci. Une autre forme de deuil... Ils m'ont un peu moins marquée ces poèmes-là.
Extrait :
"C'est un dimanche atlantique plein de maisons fermées
et d'odeurs de poissons qu'on grille sur la plage.
L'île est si petite et mon âme a grandi
en quelques jours elle a pris dix ans d'âge."
Par sa poésie Cécile Coulon nous emmène en voyage, des voyages tout près, des voyages familiers, des découvertes minimalistes mais qui touchent à l'intime lorsqu'elle les décrit. Elle nous embarque dans ses hivers, dans ses paysages de lande centrale, dans ces cuisines envahies de l'odeur des cendres du feu, dans ces chambres où le soleil délivre de rares rayons qui se dévore. Elle parle de solitude peuplée, de manque habité, et c'est forcément touchant. Je crois que de ce que j'ai lu d'elle, c'est mon recueil préféré. La préface de Gilles Marchand pour cette édition est toute aussi juste.
"Les volcans, terre d'imaginaire" - FranceCulture