La politique énergétique canadienne va se brasser “À L’EAU FROIDE”. À mesure que le réchauffement de la planète se confirme, le passage du Nord-Ouest va dévoiler ses richesses. Pour la seconde fois de l’histoire, les navires peuvent y naviguer. C’est l’endroit sur le globe qui est le plus affecté par les hausses de températures. 90 milliards de barils de bruts sont en jeu. Il s’agirait des réserves prouvées et combinées du Nigeria, du Mexique et du Kazakhstan. Il y en aurait suffisamment pour répondre à la demande américaine pendant 10 ans. Le Canada dispute le territoire avec la Russie, mais aussi avec les États-Unis, le Danemark et la Norvège.
Il n’est facile de trancher une ligne définie dans cet univers glaciale où le thermomètre se tient d’ordinaire à -57 degrés. Sous l’égide des Nations Unies, le droit territorial économique marin peut s’étendre jusqu’à 320 kilomètres des rives d’un pays. Mais, les nations peuvent baser leurs revendications sur la portée de leur plateau continental. D’où le chevauchement des prétentions.
Avec des millions de tonnes de glaces qui emprisonnaient les ressources, l’exploration était évidemment trop coûteuse. La montée en flèche des prix énergétiques et l’ouverture du Passage du Nord-Ouest accélèrent les revendications. L’an passé, de façon symbolique la Russie est allée planter un drapeau en titane au fonds de la mer. Les scientifiques russes estiment pouvoir prouver qu’une partie du fond sous-marin passant par le pôle Nord, connu sous le nom de «dorsale Lomonossov» n’est que le prolongement de leur géologie.
Les Russes ont de l’avance, depuis 1997, il font des démarches politiques en ce sens. Le Canada ne s’est réveillé qu’en 2003. Depuis la démonstration russe de 2007, les Canadiens redoublent d’effort pour ne pas se faire damer le pion. Stephen Harper est d’ailleurs à Inuvik pour assister aux exercices militaires les plus ambitieux jamais déployés dans le Grand Nord. Il a annoncé son intention d’exiger que la zone protégée canadienne passe de 185 à 370 kilomètres au large des côtes.
Scott Borgerson du Conseil des Relations étrangères à New York s’est confié à Bloomberg. Il croit que: “ Si aucun effort diplomatique n’est enclenché rapidement, la recette est en place pour que des troubles éclatent. On peut envisager pour le pôle Nord, un avenir sans glace et sans respect des lois, similaire à l’époque du Far-Ouest.”
L’appât des pétrodollars de l’arctique va continuer d’attiser des comportements agressifs et un parallèle avec la Géorgie n’est pas exagéré.