Mythic Games en liquidation : retour sur la chute d’un géant du crowdfunding

Publié le 18 octobre 2024 par Enpause @EnPause

Mythic Games, l'éditeur de jeux de société autrefois acclamé pour ses campagnes Kickstarter à succès, vient d'annoncer sa mise en liquidation. Cette nouvelle marque la fin d'une saga tumultueuse qui aura duré près d'une décennie, laissant des milliers de backers dans l'incertitude quant à l'avenir des projets qu'ils ont financés.

De l'euphorie à la chute : l'ascension fulgurante de Mythic Games

Fondée en 2015, Mythic Games s'est rapidement imposée comme un acteur majeur du financement participatif dans le domaine du jeu de société. Leur recette ? Des visuels époustouflants, des figurines détaillées et des promesses de jeux épiques qui ont fait rêver les amateurs du genre.

Cependant, derrière le succès apparent se cachaient des difficultés croissantes :

  • Retards de production
  • Problèmes de qualité
  • Communication de plus en plus opaque avec la communauté

Le rêve commençait à tourner au vinaigre.

Darkest Dungeon : le projet de trop ?

L'adaptation en jeu de plateau de " Darkest Dungeon ", un jeu vidéo culte, devait être le couronnement de Mythic Games. Avec plus de 5,6 millions de dollars récoltés sur Kickstarter, c'était l'une des campagnes les plus réussies de l'histoire du jeu de société.

Mais deux ans après la fin de la campagne, les backers ont eu une surprise désagréable : une demande de fonds supplémentaires pour... expédier le jeu. Cette pratique, malheureusement devenue une habitude chez Mythic Games, a semé le doute sur la gestion financière de l'entreprise.

La pandémie : le coup de grâce

La crise sanitaire a bouleversé les chaînes de production et fait exploser les coûts de fabrication et d'expédition. Face à cette situation, Mythic Games a fait le choix risqué de lancer de nouvelles campagnes toujours plus ambitieuses, une stratégie qui s'est avérée désastreuse.

La vente des " bijoux de famille "

Acculé par les dettes et les engagements non tenus, Mythic Games s'est lancé dans une véritable partie de Monopoly grandeur nature. En janvier 2024, l'éditeur a vendu certaines de ses propriétés intellectuelles les plus prometteuses à CMON, un concurrent bien établi dans le milieu.

Game over : la liquidation

Le 1er octobre 2024, Mythic Games a officiellement déposé le bilan. Leonidas Vesperini, co-fondateur de l'entreprise, agira en tant que liquidateur. Cette annonce laisse les backers et l'industrie dans l'expectative.

Quelles leçons tirer de cette histoire ?

L'épopée de Mythic Games soulève de nombreuses questions sur l'industrie du jeu de société et le modèle du crowdfunding :

  1. La gestion financière et la planification à long terme sont cruciales, même dans un secteur créatif.
  2. Une communication transparente avec la communauté est essentielle pour maintenir la confiance.
  3. Le crowdfunding, malgré ses avantages, comporte des risques inhérents pour les créateurs comme pour les backers.

Et maintenant ?

Alors que l'avenir de Mythic Games reste incertain, une question demeure : que va-t-il advenir des projets en cours, notamment de la fameuse " Wave 2 " de Darkest Dungeon ? Les backers, qui ont déjà investi des sommes considérables, verront-ils un jour leurs extensions tant attendues ?

Cette saga laissera sans doute des traces dans l'industrie du jeu de société. Elle pourrait pousser les acteurs du secteur à repenser leurs modèles économiques, à être plus transparents dans leur communication et, espérons-le, à mieux protéger les intérêts des backers qui sont, ne l'oublions pas, le cœur battant de cette industrie passionnante.

Malgré ces turbulences, l'industrie du jeu de société continue de croître et d'innover. De nouveaux éditeurs émergent, apportant des idées fraîches et des approches novatrices. La communauté des joueurs, quant à elle, reste aussi passionnée et engagée que jamais.

L'histoire de Mythic Games nous rappelle que dans le monde du jeu, comme dans la vie, il faut savoir prendre des risques calculés, communiquer ouvertement, et toujours garder un œil sur la ligne d'arrivée. Car après tout, l'objectif n'est-il pas de s'assurer que tout le monde passe un bon moment autour de la table ?