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Ce soir, jeudi 17 octobre 2024, à 21 h, le bandonéoniste et compositeur Julio Coviello se lance à La Tierra Invisible, l’espace musical qu’il dirige dans le quartier excentré de Parque Chacabuco, dans l’ouest de Buenos Aires, dans une série de concerts consacrés au bandonéon comme instrument de musique classique, une pratique régulière dans les conservatoires argentins mais rare, pour ne pas dire inconnue, sur scène, en public.
Ces compositeurs ont en effet été introduits dans les programmes des études musicales pour faire découvrir et travailler la richesse polyphonique du bandonéon à ses futurs interprètes professionnels.
Au programme de ce soir : des œuvres de Scarlatti.
Entrée : 6 000 $ (par personne). Ce prix traduit l’inflation terrible qui règne depuis juin 2018 et qui n’a cessé d’augmenter depuis (1).
Julio Coviello a accordé une interview à Página/12 qui a inséré dans son article en ligne un enregistrement public de son interprétation d’un prélude et d’une fugue en fa mineur de Bach. A écouter. Cela vaut le coup.
© Denise Anne Clavilier www.barrio-de-tango.blogspot.com
Pour aller plus loin :
(1) Aujourd’hui, l’inflation
continue de grimper à un rythme qui certes ralentit un peu mais pour
une seule raison : depuis janvier, la politique économique du
gouvernement a tout simplement asséché la demande dans tous les
domaines. Les prix de vente se calment donc partiellement. En
Argentine, les nouvelles continuent à être toutes plus
démoralisantes les unes que les autres : l’université
publique est en danger de disparaître malgré les manifestations en
sa faveur de la communauté universitaire dans tout le pays. Un
hôpital psychiatrique renommé de Buenos Aires, el Hospital Laura Bonaparte (du nom d'une mère de la Place de Mai, elle-même médecin), a été fermé (les
salariés l’occupent actuellement pour éviter le pire). Un musée
prend le même chemin, celui du costume (el Museo del Traje), dont les réserves
conservent environ deux milles vêtements dont les plus anciens
remontent à l’époque napoléonienne. Cela correspond à la mode
sous la Révolution de Mai 1810 et toute la période indépendantiste.
C’est dire la valeur patrimoniale et symbolique de ce trésor qui
ne sera plus exposé et dont on ignore s’il sera même préservé.
Le
gouvernement a annoncé son intention de privatiser les routes
nationales (ce qui pourrait bien signifier un péage or ces routes
structurent et assurent la continuité territoriale du pays) et celle
de vendre, pour la seconde fois de son histoire, la compagnie
aérienne nationale Aerolíneas Argentinas. Il va également
déréguler les liaisons par car longue distance, qui ont elles-mêmes
remplacé les lignes ferroviaires privatisées puis fermées dans les
années 1990, sous la présidence Menem, et n’a pas l’intention
pour autant de doter l’État des moyens de contrôler le respect
des normes de sécurité. C’était jusqu’à présent un moyen
assez sûr de voyager dans tout le pays à des prix raisonnables (je l'ai moi-même fait avec plaisir) alors que l’avion restait et reste hors de prix pour beaucoup. Il est donc à craindre qu'on ne puisse plus ni voyager dans sa propre voiture sans dépenser une
fortune ni en car longue distance sans risquer sa peau.
Dans trois ans, à la fin de cette présidence, l’Argentine sera à genoux, si elle ne l’est pas déjà, et elle mettra plusieurs décennies à se relever.