Les deux premiers épisodes de la saison 2 de Master Crimes marquent le retour de l'intrépide et impétueuse Louise Arbus, incarnée avec brio par Muriel Robin. Toujours aussi élégante et mordante, Louise continue de fasciner par son arrogance assumée et son flair infaillible pour résoudre des crimes complexes. Cependant, si la série conserve son charme, elle peine encore à retrouver la profondeur narrative qui avait captivé les téléspectateurs lors de la première saison. Dans ce nouveau chapitre, on retrouve une Louise Arbus fidèle à elle-même. Arrogante, parfois presque désinvolte, elle résout les enquêtes en un clin d'œil, au mépris des règles et des procédures. Chaque épisode se déroule en 52 minutes, rythmées par les répliques cinglantes et les méthodes peu conventionnelles de cette psycho-criminologue hors du commun. Sa complicité, ou plutôt son antagonisme taquin, avec la capitaine Barbara Delandre (interprétée par Anne Le Nen) continue d'alimenter les scènes d'enquête.
Là où Louise s'affranchit des règles, Barbara reste la voix de la raison, soucieuse du respect des procédures, bien que l'on sente une légère évolution dans son personnage, désormais plus détendue et à l'aise, sans doute adoucie par la romance naissante avec Théodore, le médecin légiste. Cette dynamique amoureuse est encouragée par Louise, qui n'hésite jamais à glisser un conseil, même sur le terrain sentimental. Ce côté mentor affectueuse et distante à la fois contribue à humaniser son personnage, apportant une certaine légèreté à des intrigues parfois sombres. Mais cette légèreté est peut-être aussi l'un des points faibles de cette nouvelle saison. Alors que la première saison tenait en haleine grâce à la présence d'un tueur en série redoutable, cette fois-ci, le fil rouge semble plus diffus, voire absent pour l'instant. Il manque cette menace sous-jacente qui rendait chaque épisode plus intense et imprévisible.
Les personnages secondaires, notamment les étudiants de Louise Arbus - Valentine, Boris, Mia et Samuel - continuent d'être au service de la reine du profilage, envoyés en infiltration à chaque nouvelle enquête. Ces "mousquetaires" se montrent toujours aussi dévoués, et on sent que leur complicité, tant entre eux qu'avec leur mentor, s'est renforcée depuis la saison précédente. Thaïs Vauquières, Nordine Ganso, Astrid Roos et Victor Meutelet livrent des performances solides, et leurs personnages gagnent en nuances, mais pour l'instant, ils peinent à réellement surprendre ou marquer les esprits. Les enquêtes, quant à elles, restent bien ficelées, avec un soin tout particulier apporté à l'atmosphère de chaque scène de crime. L'épisode 1, intitulé " No Body's Perfect ", place le décor dans un atelier de peinture thérapeutique, où un homme est retrouvé suspendu dans une pose imitant celle du Penseur de Rodin. Une mise en scène macabre qui a de quoi intriguer, mais qui manque peut-être de l'ampleur dramatique que l'on attendait pour un début de saison.
L'épisode 2, " Au temps des cavernes ", envoie l'équipe infiltrer une communauté survivaliste, une intrigue prometteuse, mais qui reste un peu trop convenue dans son exécution. On attendait un décalage plus marqué, une originalité que la série a du mal à offrir pour l'instant. Il est évident que Master Crimes tente de se réinventer. Après une première saison qui lorgnait du côté des thrillers psychologiques à la How to Get Away with Murder, la série semble prendre un virage vers un format plus procédural, plus classique. Cela peut être un pari intéressant, mais il y a un risque à vouloir trop se détacher de ce qui faisait l'essence de la première saison. Cette légèreté nouvelle, bien que rafraîchissante par moments, pourrait aussi diluer la tension dramatique, surtout si aucun fil rouge solide ne vient soutenir les enquêtes individuelles. Les scénaristes cherchent visiblement à amorcer un nouveau souffle pour la série, mais ce souffle reste pour le moment un peu timide.
Si les dialogues sont toujours aussi bien écrits et que la complicité entre les acteurs fait plaisir à voir, le défi sera de maintenir l'intérêt des spectateurs sans tomber dans une routine procédurale trop prévisible. Il faudra rapidement trouver un juste équilibre entre légèreté et profondeur, entre les intrigues criminelles hebdomadaires et une trame plus globale, plus captivante, pour éviter que la série ne perde son attrait. En résumé, ces deux premiers épisodes de la saison 2 de Master Crimes sont agréables à suivre et permettent de retrouver avec plaisir des personnages auxquels on s'est attaché. Cependant, la série semble encore en quête de son rythme, tâtonnant entre légèreté et sérieux. Si la qualité de jeu des acteurs, en particulier de Muriel Robin, reste indéniable, et que les dialogues continuent d'être percutants, on espère que les épisodes suivants sauront redonner à la série la profondeur et l'intensité qui avaient marqué sa première saison.
Pour l'instant, la série nous offre un bon divertissement, mais il faudra un peu plus que cela pour la hisser à nouveau au niveau des meilleurs thrillers criminels. On attend donc avec impatience la suite, en espérant que Master Crimes trouve rapidement sa voie et son équilibre.
Note : 4.5/10. En bref, un retour par la petite porte. Si l'on prend plaisir à retrouver tous les personnages, les deux enquêtes sont trop légères pour marquer.
Diffusée sur TF1 à partir du jeudi 17 octobre 2024 et disponible sur TF1+