Les Trois lumières de Claire Keegan

Par Etcetera
Couverture chez 10/18

J’ai lu ce roman irlandais contemporain parce que j’en avais eu de bons échos et que les critiques étaient élogieuses. Malheureusement, je n’ai vraiment pas accroché à ce livre, qui m’a tout simplement ennuyée, et j’hésitais même à écrire une chronique dessus, de peur de m’ennuyer à nouveau, rien qu’en y pensant… On verra bien.

Note pratique sur le Livre

Editeur : 10/18 (initialement : Sabine Wespieser)
Première date de publication : 2010 (en français : 2011)
Traduit de l’anglais (Irlande) par Jacqueline Odin
Nombre de pages : 88

Note sur l’écrivaine

Claire Keegan est née en 1968 en Irlande, où elle vit. Saluée comme une des voix importantes de la jeune génération des écrivains irlandais, elle est publiée dans de nombreux pays et a remporté plusieurs prix importants. Après L’Antarctique et Les trois lumières, elle signe son deuxième recueil de nouvelles, A travers les champs bleus. (Source : éditeur)

Quatrième de Couverture

Dans la campagne irlandaise, une fillette est confiée pour quelques temps à un couple sans enfants. Livrée à elle-même, l’enfant pénètre jour après jour un monde étranger, où elle découvre l’innocence et la tendresse de l’été. Peu à peu, des liens se tissent, chacun apprivoise l’autre et les ombres secrètes de sa lumière. Pourtant, certains détails intriguent la fillette…

Mon humble avis

Ce fut pour moi une lecture soporifique, fade et sans rien qui attire mon attention ou qui me remue un petit peu. L’écriture est fade, l’histoire est fade, les personnages sont fades… tout baigne dans une espèce de fausse pudeur, de non-dits et de prétendus secrets qui cachent en réalité une énorme vacuité, m’a-t-il semblé.
Je n’ai jamais apprécié ces genres de livres où tout le monde est tellement pudique que rien n’est jamais exprimé et que les critiques s’extasient sur ces ambiances mystérieuses où le lecteur est censé savoir lire entre les lignes les choses infiniment profondes que l’auteur a su lui insuffler par ses pouvoirs de suggestion incomparables. C’est peut-être mon côté franc et carré, mais ces pseudo-mystères planant autour du quasi-néant me font plutôt dormir… et même pas rêver.
Par ailleurs, je supporte de moins en moins – et, même, plus du tout ! – les romans champêtres et traditionnalistes (qui sont assez en vogue ces dernières années). Vous connaissez sans doute ce style de livres, écrits en général par de jeunes citadins du 21ème siècle, hautement diplômés de l’Université, et dont l’histoire se déroule dans un cadre historique mal déterminé, en tout cas antérieur à l’ère industrielle, cette époque idyllique où des fermiers virils se levaient avant l’aube et marchaient d’un pas lourd pour aller traire les vaches de leurs mains nues, expertes et robustes (et sans jamais se plaindre, car à leur époque il n’y a aucune révolte paysanne ni revendication sociale et, en plus, ils sont taiseux) pendant que les femmes, enceintes de leur énième enfant (la pilule n’existe pas encore) s’apprêtent à éplucher les carottes ou à raccommoder un vêtement ou à tricoter une layette pour le dernier-né, comme des ménagères acharnées (et sans jamais se plaindre, car à leur époque le féminisme n’est pas encore né et, en plus, elles aussi, elles sont taiseuses !).
Ces espèces d’imageries d’Epinal n’ont pas de charme à mes yeux, je l’avoue !
Vraiment pas une lecture pour moi !

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Un Extrait page 18
(j’ai failli m’endormir en le recopiant)

Maintenant que mon père m’a déposée et qu’il est rassasié, il lui tarde d’allumer sa clope et de s’en aller. C’est toujours pareil : il ne reste jamais longtemps une fois qu’il a mangé, contrairement à ma mère qui discuterait la nuit entière jusqu’au lendemain matin. Du moins, c’est ce que prétend mon père, même si je n’ai jamais vu ça de ma vie. Pour ma mère, le travail est sans fin : nous, la fabrication du beurre, les repas, la vaisselle, nous lever et nous préparer pour la messe et l’école, sevrer les veaux, engager les ouvriers pour labourer et herser les champs, faire durer l’argent et régler le réveil. Mais cette maison-ci est différente. Ici, il y a la possibilité, et le temps de réfléchir. Il y a peut-être même de l’argent à dépenser.
« Il vaudrait mieux que je reparte, dit papa.
– Qu’est-ce qui te presse ? dit Kinsella.
– Le soleil est brûlant, et j’ai encore les patates à traiter.
– Il n’y a aucun risque de mildiou ces jours-ci », dit la femme, qui se lève pourtant et sort par la porte du fond avec un couteau bien aiguisé. J’ai envie de l’accompagner, de débarrasser de leur terre les plantes qu’elle récolte et de les rapporter dans la maison. Un certain silence s’installe entre les hommes durant son absence.
« Donne ça à Mary, dit-elle lorsqu’elle revient. Je croule sous la rhubarbe, que l’année soit bonne ou mauvaise. »
(…)