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La fièvre de la route

Par Carmenrob

fièvre route

Toute une pièce d'anthologie que ce roman de Germaine Guèvremont ! Au moment où l'autrice raconte l'histoire du Survenant, ce monde est déjà loin derrière. Peut-être la petite Germaine a-t-elle entendu ce langage ancien, imagé et parfois incompréhensible aux oreilles d'aujourd'hui. Mais c'est bien d'une époque lointaine dont elle rend compte, celle du tout début du siècle alors que le cheval est roi et que l'irruption d'une automobile crée un émoi indescriptible.

fièvre route

Dans ce paysage d'eau et de terre indissociables, à la hauteur de Sorel, là où le fleuve se déchire sur les îles qui lui barrent le passage, au Chenal du Moine, survient, sur la ferme des Beauchemin, un étranger qui offre sa force de travail contre le logement et la nourriture. On ne connaît pas son nom. On l'appelle le Venant ou le Survenant. Beau, grand, fort, habile, mystérieux, il va chambouler la vie de ce petit coin de pays fermé sur lui-même. Le père Didace Beauchemin s'attachera à lui comme à un fils au détriment de son propre fils, Amable, dont il est si peu fier. Sa bru développera face à l'étranger des sentiments ambigus, entre colère et désir refoulé. Angélina, la voisine, la boiteuse, tombera éperdument amoureuse de cet homme qui la traitera toujours avec le plus grand respect, sans égard à son infirmité, contrairement à l'attitude générale des villageois. Enfin, tout le village oscillera entre admiration et aversion pour cet étranger qui semble avoir été loti de tous les dons. Mais le Survenant a deux passions qui déterminent son destin : l'alcool et la route.

Le personnage imposant du Survenant créé par l'autrice renvoie le lecteur à la figure mythique du coureur des bois qui a de tout temps fasciné ses contemporains tout comme elle continue de tenir une place spéciale dans l'imaginaire du peuple québécois.

Écrivaine importante dans la littérature québécoise, Geneviève Guèvremont charme par sa capacité à nous faire habiter les lieux, à nous faire pénétrer au cœur de ses personnages. Elle s'adonne par moments à des envolées lyriques pour décrire la nature, envolées qui nous semblent un peu dépassées aujourd'hui, mais qui témoignent tout de même de la richesse de sa plume.

Cependant, j'aurais sans doute davantage été plus sensible à ce livre si j'en avais fait la lecture plutôt que l'écoute. Il me semble que la voix de Louise Latraverse ne convenait pas à cette histoire. Cette voix fluette et quelque peu éraillée pour les répliques du grand Survenant, vraiment ?... De plus, l'absence de toute transition entre les différentes parties du récit, changement de lieu, de personnage, de chapitres m'a agacée. La narration a été menée au pas de charge. Dans d'autres livres audio, quelques notes de musique séparent parfois les chapitres, permettant au cerveau d'intégrer l'information qui vient d'être transmise. J'aurais été reconnaissante de l'utilisation d'un pareil procédé.

Si les fondements de la littérature québécoise vous intéressent, si les modes de vie des ancêtres vous allument, si vous aimez les récits dramatiques livrés par une plume recherchée et poétique, Le Survenant est pour vous. Mais je vous suggère de vous procurer le livre, version papier ou numérique, vous l'apprécierez davantage.

Germaine Guèvremont, Le Survenant, écouté sur Ohdio, 5 h 17 min.


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