GYASI - Bouzille de fous. Salle de l'Estran - Binic, le 13 octobre 2024

Publié le 16 octobre 2024 par Concerts-Review

GYASI - Bouzille de fous. Salle de l'Estran - Binic, le 13 octobre 2024

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GYASI - Bouzilles de fous à BINIC le 13/10/2024

Pour qui fréquente le Binic Folks Blues Festival, la manifestation de ce weekend, pilotée par la nef d fous, reste une référence artistique, tant sur le plan musical que graphique avec tatouages, piercing et autres décorations toutes plus belles que la légion d'honneur.
Tout démarre vendredi par l'allumé Long Hours avec qui le temps passe vite et qui, du coup, rebelote le samedi, précédé du garage-psyché d'Hot Flowers.
Nous, on a coché le dimanche, juste après le bal des anciens ('Teatime' dira l'artiste), pour voir Gyasi, manqué en 2023.

Gyasi? Un phénomène au look et attitude d'un Bowie du début des années 70 (il a même un morceau intitulé 'Androgyne'). D'ailleurs son entrée sur scène ne se fait-elle pas sur 'Nightclubbing' morceau écrit par la star pour Iggy?
Un phénomène aussi sur scène, attirant et saturant tous les objectifs des photographes et autres capteurs de Smartphones.

Pronounced "Jahsi" or "Jossy", he is an American glam rock musician, ça se voit et ça s'entend. Il débute avec un EP en 2018 et enchaine avec le LP 'Androgyne' l'année suivante.
'Pronounced Jah-See' sort en 2022 mêlant anciens et nouveaux morceaux. Cette année, il publie le live 'Rock' n'roll Sword Fight' qui correspond, presque titre pour titre, à la setlist de ce dimanche.
Musicalement, on met dans le shaker du T(ea)-Rex, serré comme un bow(ie) et un nuage de L(ait)ed Zep.

Question théâtralité, ils vont nous en servir en commençant par des vêtements flashy et maquillage pour le leader hautement surélevé sur ses plateformes boots. On pense à KISS, doublement présent dans un de ses titres.
Et pourtant, une partie de leur garde-robe est restée bloquée à l'aéroport. Un fan certainement!

' Cheap high' nous place direct dans une arène bluesy énervée à la Led Zep, la voix rappelant Robert Plant. Cole joue sur une basse qui semble avoir tellement roulé sa bosse qu'elle en a perdu des couleurs.

Intro tambourinante à la " Rock 'n' Roll" de Gary GLITTER sur 'Tongue tied'. Les chœurs n'ont pas la langue dans leur poche et les hanches balancent.

' Bang bang' tire sur tout ce qui bouge et nous sommes touchés en plein cœur par la gentillesse et l'implication des musiciens.
Des compositions courtes et efficaces défilent aussi vite que Speedy Gonzales!

' Androgyne' laisse entendre une guitare au bottleneck louvoyant et un clavier assuré par Cole, ne lâchant pas sa basse.
Une mélopée frivole et à part, une jolie balade bluesy à la modernité 'Natural blues' de Moby quasiment, tout en conservant un parfum désuet.

Gyasi triture sa guitare sur la longue intro de ' Teacher' qui évoque les belles heures de Led Zep, un truc qui prend aux tripes par des arpèges subtils avant de défourailler sur un solo échevelé, Ricky faisant glisser un tube transparent sur le manche pendant que Gyasi riffe face à son batteur.
Cole, lui, joue d'une main sur les touches, l'autre sur les cordes.

Gyasi renomme ' Fast love', 'Fat slug', traduisant en français 'la grosse limace'!! Ah bon? T'en as d'autres des comme ça?
Le riff saccadé te plaque d'entrée contre le mur. Quelques accords lascifs agrémentent la démonstration, traversée de cris ingénus.
Le solo hurlant, à double guitares, passe un frisson.

Gros riff T-rexien sur ' Baby Blue' au refrain entrainant. Comment ne pas se laisser prendre au jeu avec un final écumant? Un tube (de néon), couleurs 70's, en puissance!

' Sword fight' libère les fentes de Gyasi, simulant un combat à l'épée contre le public pendant une intro martiale à la batterie et guitares au son métallique.

' Kiss Kiss' les déclenche (ces bisous) en restant dans un rock'n' roll traditionnel à guitares flamboyantes et chœurs débordants.
La complicité remarquable, entre Gyasi et Ricky, permet des solos variés de toute beauté, à l'unisson, entremêlés à la twin guitars et même en provocation à la 'vas-y que je te suis'.

Gyasi s'installe sur une enceinte et prend la pause. Sensuellement, il griffonne dans sa main et lance ' 23' une plage aux accords émouvants.

Le leader alterne entre allure glamour et souples démonstrations glam, se roulant sur le parquet, grimpant sur l'estrade de la batterie, ou provoquant Ricky dans des solos acrobatiques, guitare sur les épaules.
Gyasi a faim, il en mangera même ses cordes. Pas avare de positions troublantes, il s'escrime dans des mimes, décoche des flèches d'amour et des baisers à tire larigot.

' Godhead', tout au feeling sur les cordes à l'entrée, enchaine un riff réveillant 'Moonage dream' de Bowie. Le refrain, chanté ensemble, procure un effet chaleureux.
Le passage central à twin guitars, genre Wishbone Ash, sonne sublimement. Le solo final de Ricky s'allonge pour notre plus grand plaisir.

Une spectatrice crie qu'elle ne comprend pas les commentaires en anglais mais s'empresse de lancer 'I love you'. J'ai cru entendre en réponse 'Moi aussi'!

' Snake city' invite un harmonica soufflé par le chanteur. La rythmique giflée, en heavy blues, pourrait suggérer 'Sin city' d'ACDC. J'ai tendu la joue... on me l'a bien rendue un peu rouge!

' All messed up' devrait foutre le bordel. Un riff nerveux lance le truc, plein d'échanges à la gratte, et achevé aux tremblements sur le cercle de la caisse claire.
Aussi gouleyant et rafraichissant qu'une mousse en été ou qu'un câlin poussé un peu plus loin.
Encore? Yeaah! La salle, unanime, plébiscite un retour illico presto, rapidement conclu avec les musiciens encore chauds.
'Hey rends-moi ma guitare', Gyasi, s'empare d'une belle 6 cordes noire au son particulier qu'on n'avait pas encore entendu.
' Colorful' ouvre l'album 'Androgyne', un brûlot au riff entêtant et au chant harmonieux. Quoi de mieux pour conclure?

Même si les concerts en après-midi, c'est po pareil, ben papy et mamy ont pris leur pied et à leur âge, quand l'heure tourne, il faut profiter sans compter.
Ahaa et nul doute qu'à ce moment-là, ils ont fait leur compte de pas et de mouvements d'assouplissements essentiels.
Donc comme souvent, ça devrait être remboursé par la sécu! Merci pour la frite Doctor Gyasi!

Ricky Dover Jr.: guitare, chœurs
Cole Bearden: basse, chœurs
Jonny Ezra Batterie
Gyasi: guitar/vocals