L’université d’été du PS 2008 s’ouvre vendredi à La Rochelle. J’irai faire un tour dimanche, juste pour revoir quelques copains. Comme d’habitude dans ce grand rituel socialiste, il y aura un côté cour et un côté jardin. Pour les apparences et la communication externe, les discours et petites phrases médiatisées des prétendants, éléphants, lionceaux ou gazelles. Pour la communication interne ou l’aspect « universitaire », les ateliers thématiques qui sont une sorte de bourse aux idées où l’on va pour s’informer et pour paraître, au moins le temps d’une prise de parole.
Mais le jardin qui sera labouré avec une ardeur intense, en ces temps de pré-congrès, sera incontestablement celui des à-côtés, des tractations, des réunions de groupes et sous-groupes, des déjeuners entre « amis » politiques. Se mêleront donc élus, cadres et permanents du parti, quasiment tous professionnels de la politique, et la base militante dont une bonne partie aspire à passer plus ou moins pro. Certain(e)s préféreront certes jouer l’applaudimètre en salle plus que le serrage de mains en couloir, mais les premiers rôles délègueront leurs seconds couteaux. C’est là que se noueront les alliances, les allégeances et les ralliements. Et parmi les présidentiables avoués ou putatifs ou parmi les aspirants au poste de « Premier secrétaire », personne ne peut se dire au-dessus de cette mêlée. « On aura besoin de tout le monde », diront encore les importants en souriant à chaque militant plus ou moins de base.
Les camarades universitaires, surtout ces braves grognards militants de base, seraient donc bien inspirés de lire le fort plaisant ouvrage de mon excellent camarade Eric Gautier, devenu président du conseil général des Deux-Sèvres. Ca s’appelle P…comme pouvoir et c’est un « petit lexique à l’usage de l’impétrant qui voudrait embrasser une carrière politique ». En voici un échantillon essentiel pour atteindre les sommets, ceux du parti ou du pouvoir, la définition de la base :
La base, c’est le nom générique donné aux membres d’un parti politique qui n’ont pas de responsabilité particulière dans la gestion du parti. Pas de responsabilité particulière, mais quand même la volonté d’être militant au service d’un idéal, c’est-à-dire de débattre, de faire-valoir ses idées, de coller des affiches, de distribuer des tracts et de payer sa cotisation.
La base est donc l’assise du parti, plus la base est large, plus le parti est fort. Mais la base n’est pas tout le parti, celui-ci comprend aussi des cadres et des élus et c’est à partir de là que commencent à se poser à l’interne les questions qui se posent à l’externe en matière de démocratie : représentative ou participative ? Rejet des cadres et des élus au nom du rejet des élites et du sacro saint principe : la base a toujours raison. Là encore, chacun regarde la réalité à partir du point de vue d’où il se situe : la base d’en bas, le cadre d’en haut et chacun ne voit qu’une petite partie de cette réalité. L’intérêt serait d’additionner les regards ; mais les enjeux de pouvoir opposent plutôt qu’ils ne réunissent.
En fait, la base est au parti ce que le peuple était à la nation de 1789, le fondement de sa souveraineté, mais les frontières idéologiques du parti sont poreuses, la suspicion, le rejet des élites, l’intérêt personnel, l’attrait du pouvoir se sont aujourd’hui naturellement invités à la table des débats. Il n’y a aucune raison pour que le parti vive en dehors de son temps.
Pour se rassurer chacun des membres du parti se dit que le débat est le signe d’une grande vitalité démocratique que le citoyen, lui aussi de base, aurait tendance le jour du vote à qualifier surtout d’énorme foutoir !
Tout est déjà dit ici sur le grand débat / déballage qui va bientôt agiter La Rochelle !