Alors que les besoins d'identité « digitale » se font plus pressants et que les solutions optimales peinent à émerger (par exemple celle de l'Europe), Mastercard proposera bientôt quelques fonctions essentielles – directement intégrées avec ses instruments de paiement – susceptibles de répondre aux cas d'utilisation les plus courants.
Qu'il s'agisse de s'assurer du pays de résidence d'un visiteur sur un site administratif ou de l'âge de la personne qui achète de l'alcool sur une boutique en ligne (ou, comme l'impose désormais la loi française, pour la consultation de contenus pornographiques), les occasions ne manquent pas dans le monde numérique de devoir prouver telle ou telle caractéristique d'identité. Et personne ne souhaite que ces contrôles induisent des frictions dans les expériences utilisateur qui en comportent déjà bien assez.
Bien que son périmètre fonctionnel soit limité (à ce stade ?), l'approche de Mastercard, qui s'appuie sur les nouvelles spécifications EMV (définissant les standards de paiement par carte), s'avère élégante. En effet, elle autorise, moyennant son intégration préalable par les émetteurs (seuls détenteurs des données correspondantes), la vérification instantanée et transparente, simultanément au paiement, de la date de naissance, de l'âge, de l'adresse…, en ne révélant que les informations strictement nécessaires.
Le service sera bientôt déployé dans quelques pays européens, avec un programme d'expansion sur d'autres marchés dans le courant de 2025. Naturellement, l'institution affirme son intention de collaborer avec des gouvernements et autres organisations pour son développement : le succès passe impérativement par une implication concrète de multiples parties prenantes, les consommateurs, bien sûr, mais également les entreprises qui requièrent ce type de capacité et les opérateurs qui les valident.
Le lancement initial de notre côté de l'Atlantique est particulièrement savoureux quand on considère que, outre le porte-monnaie d'identité numérique européen spécifiquement dédié à ce besoin (dans une perspective beaucoup plus large et générique), un groupe de banques du continent exprime l'ambition d'offrir un jour (probablement pas avant plusieurs années) sa propre réponse au sein de son outil de paiement Wero… positionné comme concurrent souverain des grands réseaux américains.
Voilà plus d'une décennie que quelques visionnaires répètent que l'identité « digitale » constitue une niche attractive, sur laquelle les banques ont longtemps bénéficié d'une fenêtre d'opportunité extraordinaire. En dehors de la poignée de pays où elle a été saisie, elle leur revient aujourd'hui en double boomerang, abordée comme un lointain sous-produit d'un futur instrument de paiement (qui confirme finalement leur intérêt, aussi tardif soit-il) pendant qu'un géant des paiements, justement, les invite à s'embarquer dès maintenant dans l'aventure, même sous une forme embryonnaire.