Dans une lutte politique, il est parfois mieux de viser celui qui élit que celui qui est élu. Dans le cas des coupures dans les programmes culturels annoncés par les conservateurs, les artistes ont avantage à rallier la population à leur cause. Et c’est là le nœud de la lutte.
« J’ai l’impression que tout le monde du milieu artistique était là », témoigne le comédien Vincent Gratton, parlant de la manifestation d’hier contre les coupures de Harper dans les programmes culturels. Tout le monde sauf la population.
Les artistes en eux-mêmes ne représentent que peu de votes. Ce sont des électeurs marginaux. C’est leur influence sur le public qui n’est pas,elle, marginale. Donc, pour qu’un changement de cap survienne dans le dossier des coupures, les artistes ont besoin de renfort de la population. Une population qui aime de plus en plus Harper et par truchement, ses coupures dans la culture.
La population des régions en particulier, qui selon un sondage, votera bleu et bleu pâle. Le Bloc et les conservateurs sont nez à nez dans les intentions de vote à l’extérieur de Montréal. Les gens de la ville de Québec, bastion de la ministre de la Culture Josée Vermeer, sont aussi pro-conservateur.
Pro-conservateur donc pro-coupures en culture? C’est aux artistes à tâter le pouls des électeurs et à les rallier le plus possible à leur cause. À défaut de le faire, ils ne deviennent qu’un lobby de plus, qui refuse systématiquement toute coupure et favorise, au mieux, l’immobilisme. Rallier la population à leur cause par des manifs, des pétitions ou une œuvre collective, tel le passage d’une flamme artistique à travers le Québec jusqu’à Ottawa, confirmera aux artistes leur statut spécial dans la société.
Les grands discours sur la culture comme cœur de la société ont besoin de se concrétiser dans le réel par l’action politique. Ça prend du monde à messe, des électeurs, pour reverser un gouvernement et sa visibilité réduite dans le champ de la culture. Seul un dialogue entre citoyens aboutira à une réelle résolution de l’impasse en culture.
Plus de monde, plus d’électeurs = plus de temps d’antenne à Ottawa, c’est facile à comprendre ça.
Rester entre artistes et parler seul à seul avec Ottawa n’encouragent pas un Refus global des coupures conservatrices.