Gorgones, totems, dents cariées, têtes pensives ou grotesques : le Cirque de MOUREZE (Hérault) retint l'attention de Marcel de SERRE qui le visita en 1855 et fit à ce sujet une communication à l'Académie des Sciences, précisant que si ce type de site n'était pas rarissime, il était là remarquable. Le Baron TAYLOR, en 1837, en a décrit les lieux ainsi : "Le clair de lune qui prête une existence si vague et si mélancolique aux ruines des monuments des hommes, crée au milieu de ces rochers les images les plus étranges : ce sont quelquefois des fantômes humains errant parmi les édifices inconnus mais toujours grandioses, d'autres fois, des montres qui ne peuvent habiter qu'un monde livré aux gnomes ..."
Dans MOUREZE, il y a "moure" = visage, profil, gueule, museau, trogne, bobine, bougie mais aussi : le rocher, le promontoire, le morne, le pic biscornu.
Il y a quelques dizaines de millions d'années, notre vieille terre avait déjà commencé à faire le cirque. Un cirque à grand spectacle !
Quelques titanesques plaques de son écorce s'emboutissaient comme des auto-tamponneuses, se chevauchaient, se culbutaient ...
La montagne du Liausson, matrice de la dépression de MOUREZE, en fut affectée avant que d'autres types de modifications ne viennent à leur tour apporter leurs touches plus artistiques, plus douces.
Dans l'aspect actuel des figures tour à tour curieuses, grotesques, élégantes, suggestives, plusieurs facteurs sont à prendre en considération. La dolomie, tout d'abord, avec sa formule chimique qui définit un carbonate naturel doublé de chaux et de magnésie. Cette roche se présente en masses amorphes d'un étage géologique où s'allie la calcite.
L'irrégularité tient au type même d'érosion peu uniforme, concentrée en certains secteurs de calcaire et amplifiée ou freinée par les variations climatiques au cours des ères.
Sur une superficie de plus de 300 hectares, se déploient les avatars de la roche, avec des masses et des hauteurs de dolomies fort importantes.
Une partie du cirque de MOUREZE "Les courtinals", a été aménagée en circuit payant par des itinéraires parfois inconfortables.
La liste des sculptures paraît interminable. Elle tient du bestiaire, ou d'une annexe du Grand Albert (Le Diable, la sorcière, le scorpion) ou de la sacristie (le bénitier, la mitre, la religieuse).
Il publia quelques ouvrages visant à démontrer que le site était habité au Néolithique moyen (vers 4 000 ans avant J.C.) et jusqu'à l'époque gallo-romaine. Un petit musée regroupe d'ailleurs les pièces archéologiques découvertes sur place à plusieurs endroits.
A VOIR : la tortue, monstre de pierre et merveille de l'équilibre à quelques kilomètres sur la route de SALASC,
Au nord, le Château de la Marguerite
Les ruines de l'ermitage Saint Jean
Les grottes de Baumenègre.