Mr Crocket // De Brandon Espy. Avec Jerrika Hinton, Elvis Nolasco et Kristolyn Lloyd.
Le film Mr. Crocket, dernier-né de la série Bite Size Halloween à être adapté, s'inscrit dans la tendance actuelle de l'horreur à revisiter des concepts classiques tout en y injectant une modernité bienvenue. Réalisé par Brandon Espy, ce long-métrage parvient à tirer son épingle du jeu grâce à une histoire dynamique et une esthétique qui rappelle les séries des années 90, tout en explorant des thématiques sombres sur la manipulation des enfants. Bien que le film ne soit pas sans défauts, il offre un divertissement solide qui, à mon avis, a tout le potentiel pour devenir un film à déguster lors des soirées Halloween. Mr. Crocket s'appuie sur une trame narrative qui évoque les grands classiques du genre. Le personnage de Summer, incarnée par Jerrika Hinton, est une mère désespérée cherchant à retrouver son fils Major, kidnappé par le mystérieux animateur de télévision pour enfants, Mr. Crocket.
Une mère risque tout afin de récupérer son fils kidnappé par un animateur d'une émission pour enfants.
Cette intrigue, somme toute prévisible dans son déroulement, est sublimée par une ambiance angoissante et des scènes visuellement marquantes. Ce n'est pas tant l'originalité de l'histoire qui retient l'attention, mais plutôt la manière dont elle est racontée. Le film navigue intelligemment entre une esthétique enfantine et des moments de terreur pure. Le monde coloré et innocent des émissions pour enfants contraste brutalement avec la menace représentée par Mr. Crocket, créant ainsi un sentiment de malaise qui s'amplifie à mesure que l'histoire progresse. Ce contraste est l'une des forces du film, même si la dernière partie peine à maintenir le rythme et l'intensité des scènes précédentes. Si le scénario de Mr. Crocket peut parfois sembler mince, c'est en grande partie le jeu des acteurs qui lui donne du souffle. Elvis Nolasco, dans le rôle-titre, livre une performance remarquable. Il parvient à incarner un personnage à la fois captivant et terrifiant, rappelant des figures mythiques comme Willy Wonka ou Mr. Simms.
Nolasco joue avec brio sur l'ambiguïté de son personnage, oscillant entre l'animateur bienveillant et la menace latente, ce qui le rend d'autant plus effrayant. Son interprétation est tellement essentielle au film qu'il est difficile d'imaginer un Mr. Crocket aussi efficace sans lui. De son côté, Jerrika Hinton est convaincante dans son rôle de mère déterminée à retrouver son enfant. Bien que son personnage ne bénéficie pas d'un développement très approfondi, elle réussit à transmettre toute l'émotion et la détresse de son personnage face à l'enlèvement de son fils. Ayden Gavin, qui joue le jeune Major, apporte également une performance touchante, incarnant parfaitement la vulnérabilité d'un enfant pris dans un cauchemar éveillé. Ce qui distingue vraiment Mr. Crocket, c'est sa capacité à plonger le spectateur dans une atmosphère nostalgique, rappelant des œuvres emblématiques des années 80 et 90, comme Chair de Poule ou Les Contes de la Crypte. Le film fait un clin d'œil évident à ces séries avec ses décors rétro, son esthétique kitsch, et une atmosphère qui semble tout droit sortie de cette époque.
C'est un retour aux sources qui plaira sans doute aux fans de cette génération, tout en offrant une touche de modernité dans son approche de l'horreur. Les effets pratiques, notamment les marionnettes et les scènes de gore, sont particulièrement réussis. Ils apportent une authenticité et une tangibilité à l'univers du film, renforçant l'aspect immersif de l'expérience. À l'inverse, les effets numériques, bien que présents, semblent souvent déplacés et dénotent avec le reste de l'esthétique. Un choix plus marqué pour des effets analogiques aurait sans doute renforcé encore davantage l'aspect angoissant et nostalgique du film. Au-delà de l'horreur et de la nostalgie, Mr. Crocket propose également une réflexion intéressante sur l'influence des médias sur les enfants. À travers le personnage de Mr. Crocket, le film explore comment des programmes apparemment inoffensifs peuvent manipuler et influencer les plus jeunes. Cette thématique, bien que survolée, apporte une profondeur supplémentaire à l'histoire et résonne particulièrement dans le contexte actuel, où les enfants sont constamment exposés à des contenus en ligne.
Cependant, le film ne pousse pas suffisamment cette réflexion et se concentre davantage sur le divertissement que sur une véritable critique sociétale. Cela n'empêche pas pour autant Mr. Crocket de rester pertinent et engageant, notamment pour un public friand d'horreur psychologique et de récits à double lecture. En fin de compte, Mr. Crocket n'est peut-être pas le film d'horreur le plus innovant de l'année, mais il n'en reste pas moins une œuvre divertissante et efficace. Avec son mélange de nostalgie, de terreur et de drame familial, il a tout ce qu'il faut pour devenir un film à déguster lors d'Halloween. La performance mémorable d'Elvis Nolasco, le soin apporté aux effets pratiques, et l'atmosphère immersive en font un film à ne pas manquer pour les amateurs du genre. Si vous cherchez un film qui vous fera frissonner tout en vous replongeant dans l'esthétique des années 90, Mr. Crocket est définitivement un choix à considérer pour votre prochaine soirée cinéma.
Note : 6/10. En bref, un film qui, sans être exempt de défauts, parvient à délivrer de l'horreur nostalgique tout droit venue des années 80/90 tout en offrant des éléments modernes.
Sorti le 11 octobre 2024 directement sur Disney+