Cette hystérie, Leigh la met au service de rien du tout, son propos se limitant à un "don't worry be happy" qui serait acceptable si son film donnait la pèche au lieu d'être un appel au meurtre. Dans deux séquences (et pas davantage), Poppy ne rit pas, et ça fait un bien fou. Mais ces deux scènes un rien plus sérieuses ne sont là que pour nous montrer qu'on peut déconner toute la journée et avoir quand même une cervelle. On est rassuré : lorsqu'elle découvre qu'un de ses élèves est battu par son beau-père, Poppy arrive donc à garder son sérieux cinq minutes ? Quel exploit. L'ensemble confirme la baisse de forme du réalisateur, qui n'arrive plus à doser entre le tire-larmes absolu (voir le too much Vera Drake) et la fanfaronnade débridée. Seule constante de ses derniers films : le schématisme et l'excès.
Il est loin, le temps de Naked et Deux filles d'aujourd'hui. Et il est loin, le temps où Leigh travaillait avec de grands interprètes comme la trop vite disparue Katrin Cartlidge. Car non seulement Poppy est une aberration d'écriture, mais ce ne serait rien sans l'interprétation dégoulinante et exténuante de Sally Hawkins, scandaleusement récompensée par un prix d'interprétation à Berlin. Elle fait penser à un vague ersatz de l'excellente Toni Collette, avec en supplément les mimiques de la Shirley de Dino (mais à la puissance mille). Il n'y a rien de plus louche que les gens qui rient tout le temps. Ça vaut aussi pour les films.
2/10