Un petit peu de « droit »
Les trois termes « crime », « meurtre » ou « assassinat » ont sensiblement le même sens, ainsi d'ailleurs qu'un quatrième, « homicide »
En fait, voyons sont leurs utilisations respectives.
Homicide
Ce terme est moins approprié que les trois autres au style du fait divers, ayant une allure plus administrative. Du latin homicida et homicidium, ce mot provient de homo signifiant « homme » et de caedere, signifiant « tuer ». Il est d'ailleurs assez imprécis: on parle aussi bien d'homicide volontaire que d'homicide involontaire. Il y a mort d'homme, occasionnée par quelqu'un d'autre, avec ou sans intention de la donner.
Chose certaine, l'homicide commis volontairement est qualifié de meurtre.
Mais en ce qui concerne nos trois autres mots: « crime », « meurtre » et « assassinat », il n'y a pas vraiment de secret pour bien les employer. Même s'il y a des différences, parfois techniques et juridiques, ces nuances de sens coexistent avec des sens plus vagues, mais tout aussi corrects. Par exemple, si quelqu'un a été tué intentionnellement, on peut dire: « c'est un crime », « c'est un meurtre », « c'est un assassinat ». Or, au cours des siècles, ces vieux mots ont eu plusieurs emplois différents.
Le « Crime »
Le mot « crime » est celui des trois qui a le sens le plus large. L'histoire étymologique en est étonnante: le premier sens du mot latin crimen est « décision ». Il a donc signifié tour à tour: « la décision judiciaire », « la condamnation », « l'acte condamné » et « l'homicide volontaire ». Aujourd'hui, il est souvent compris dans le sens d'acte inexcusable, qu'il y ait eu sang ou non.
Juridiquement, le mot « crime » désigne un acte gravement condamnable, plus gravement qu'un délit par exemple. Mais la mort d'homme n'est nullement nécessaire pour qu'il y ait crime. Plusieurs œuvres littéraires s'inspirent de ce mot, notamment Crime et Châtiment (1866), l'une des œuvres les plus admirables de l'auteur russe F. M. Dostoïevsky, Histoire d'un crime de Victor Hugo (roman réaliste écrit en 1851 mais publié en 1877) et Le crime de Sylvestre Bonnard (1881) qui révéla Anatole France au grand public.
« Assassinat » et « meurtre »
Entre « assassinat » et « meurtre », un emploi rigoureux voudrait qu'on ne parle du premier que s'il y a préméditation (ex. l'assassin a prémédité son forfait) et de meurtre que lorsqu'il n'y a pas de préméditation.
Il faut se souvenir d'abord que ce sont de très vieux mots, qui ont eu plusieurs emplois et dont les sens techniques coexistent avec des sens plus courants.
Le terme « meurtre » provient du latin du moyen âge murtrum et du germanique gothique maurthr. Le droit encyclopédique nous dicte que le meurtre est « l'homicide commis volontairement ».
Pourtant, « meurtre » ne dérive pas du mot « mort » même si les lointaines racines indo-européennes des deux mots renvoient aux mêmes racines. Érasme disait à propos de ce dernier qu' « Un seul meurtre fait un scélérat; des milliers de meurtres font un héros »...
Un emploi très pointu voudrait qu'on n'utilise « assassinat » que lorsqu'il y a homicide volontaire, avec préméditation; alors que pour « meurtre », la préméditation ne serait pas nécessaire.
On pourrait même parfois parler de « meurtre » lorsqu'il n'y a pas d'intention délibérée. Mais pour l'un comme pour l'autre mot, il s'agit bien de la mort de quelqu'un.
Fait intéressant, le mot assassin provient de l'italien assassino qui est lui-même dérivé de l'arabe hachischin signifiant « mangeur de hachisch », en référence au chanvre indien.
Il fallait l’écrire ! Lors de mes consultations administratives, je rencontre beaucoup de personnes qui n’ont aucune application différentielle entre chacune des valeurs susvisées.