L'écoute

Publié le 28 août 2008 par Osmose

La rencontre de l'expérience de l'accompagnement et du dharma donne des perspectives inattendues qui permettent de mieux accompagner l'autre.


Ecouter est en réalité un exercice laborieux et très fatiguant. On pourrait presque dire que c’est un acte contre nature : si l’on ne se mobilise pas activement, avec un effort de concentration très soutenu, la dérive est inévitable.

En quelques mots, qu'est-ce qu'accompagner ?


On pourrait dire qu'accompagner, c'est essentiellement proposer une présence chaleureuse et attentive, à une personne en souffrance, que ce soit une personne en fin de vie ou une personne en deuil.


Et cet accompagnement, cette présence, a pour objet de permettre à la personne en souffrance d'exprimer ce qu'elle traverse, ce qu'elle vit, de façon à pouvoir, d'une part, mieux l'intégrer, et d'autre part, dans le meilleur des cas, de trouver un sens à sa souffrance et donc d'en faire quelque chose.


Accompagner, c'est donc offrir une présence, et c'est surtout basé sur l'écoute. Ecoute centrée sur l'autre, qui nécessite une disponibilité intérieure et une compassion réelle.

Comment expliquer ce qu'est l'écoute, qu'est-ce qu'écouter ?


Ecouter, c'est se mettre à disposition de l'autre, dans ce qu'on appelle une neutralité bienveillante, en évitant tout jugement préalable, toute classification, tout a priori tant qu'à ce qui se dit, ce qui se vit et ce qui se voit.


Il y a parmi les personnes en fin de vie, des personnes qui présentent un corps difficile à regarder, à approcher, et l’écoute passent aussi par le fait de dépasser l'apparence pour aller vers l'être.

Quels sont les obstacles à l'écoute ?


Parmi les obstacles, il y a d'une part notre propre émotion par rapport à ce qui se dit, parce que ce qui s'expérimente chez l'autre a un écho en soi.


Et donc, il est nécessaire d'avoir pris le temps de réfléchir auparavant à ce que l'on a vécu, à ce qui nous fait souffrir et ce qui nous est supportable par rapport à la souffrance de l'autre, de façon à ce que l'émotion qui s'élève en présence de l'autre puisse être vue et dépassée, pour ne pas complètement entacher la relation.


Ce qui fait obstacle à l'écoute, c'est l'émotion qui prend toute la place, et c'est ce qu'on appelle tous les " trop vite ", consoler trop vite, rassurer, conseiller trop vite...


C'est-à-dire couper la parole de l'autre, pour se protéger de la souffrance née de l'émotion qui s'élève en nous. Consoler n'est pas forcément une erreur, rassurer non plus, c'est surtout le trop vite qui est un obstacle.


C'est-à-dire, empêcher la parole pour se protéger soi-même. Se protéger n'est pas un défaut non plus, c'est même parfois nécessaire, mais il est bon de le voir, sur l'instant ou après, de façon à pouvoir l'analyser, voir d'où naît cette attitude de protection, et au fil du temps, dépasser ces "trop vite" pour offrir une véritable écoute, centrée sur l'autre et non pas sur soi.

Il faut bien en convenir : savoir écouter n’est pas une attitude naturelle à l’homme.

Nous avons plutôt tendance à nous centrer sur nous-mêmes qu’à nous intéresser à l’autre : nous interprétons à notre manière ; nous prêtons des intentions diverses et variés ; nous coupons la parole ; nous ne laissons pas à l’autre le temps de s’exprimer de façon satisfaisante ; nous finissons ses propres phrases à sa place… nous croyons savoir ce qu’il pense avant même qu’il ait pu aller au bout de son idée !