L'histoire officielle: Pablo, un petit dealer (Théo Cholbi), et sa sœur adolescente Apolline (Lila Gueneau) ont forgé un lien indéfectible grâce à leur obsession commune pour le jeu vidéo en ligne Darknoon. Lorsque Pablo tombe amoureux de la mystérieuse Night (Erwan Kepoa Falé), il se laisse entraîner dans leur liaison, abandonnant sa sœur qui doit faire face seule à la fermeture imminente de leur havre de paix numérique. Alors que les choix imprudents de Pablo provoquent la colère d'un dangereux gang rival, la fin de leur vie virtuelle approche, bouleversant leur réalité...
Passage au FNC : 13 et 14 octobre 2024
Auteurs de plusieurs courts métrages remarqués, les Français Caroline Poggi et Jonathan Vinel signent avec Eat the Night leur deuxième long métrage, cinq ans après Jessica Forever, inédit au Québec. D'emblée, il faut souligner l'ambition narrative et esthétique de ce drame régional campé dans les milieux populaires de la ville portuaire du Havre.
Ambition qui se déploie sous la forme d'un scénario suivant trois histoires parallèles et complémentaires que sont celle de l'adolescente désespérée devant la fin prochaine du jeu vidéo dans lequel elle peut se réaliser, celle de son frère, petit malfrat " stoolé " à la police par une bande rivale, et celle - moins approfondie - de son amant mystérieux.
Les auteurs, eux-mêmes adeptes de jeu vidéo, ont voulu établir le dialogue entre le virtuel et le réel et montrer les vases communicants qui unissent les deux univers. Ils suivent le destin d'une pré-adulte incapable de s'accomplir en dehors de son " heroic fantasy " fantasmée. Le jeu vidéo devenant de facto pour elle la seule alternative à une réalité froide et dénuée d'horizon. Elle peut trucider à l'envi, devenir une femme aguichante et même tomber en amour avec un preux chevalier. Tout ce qu'elle ne sera jamais dans la réalité. Pareil pour son frère, fabriquant de pilules d'ecstasy, héros sur l'écran de son ordinateur, mais se débattant avec peine pour survivre à la vraie vie.
Les intentions de ce métrage atypique sont louables et parviennent généralement à leurs fins, notamment en mettant de l'avant la cohabitation de schémas d'hyper violence qui se déroulent dans les deux mondes. De même, les portraits d'une génération Z en manque d'amour et d'options font mouche la plupart du temps grâce à leur vérisme et la justesse de l'interprétation livrée par de jeunes comédiens peu connus.
Toutefois, le film ne convainc pas vraiment dans son illustration des petits criminels sans grande envergure qui s'en prennent à Pablo et Night. Le portrait est plutôt banal, trop pour réellement captiver. La romance entre les garçons est à l'avenant. Trop convenue et assez peu intéressante. Malgré tout, Eat The Night est une entrée plutôt inédite dans le cinéma français contemporain. Suffisamment pour aller la voir au FNC et pour suivre avec attention la suite du parcours des cinéastes.