Magazine Culture

A quelques numéros du ticket gagnant…

Publié le 13 octobre 2024 par Morduedetheatre @_MDT_
quelques numéros ticket gagnant…

Critique de Mon jour de chance, de Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras vu le 28 septembre 2024 au Théâtre Fontaine
Avec Guillaume de Tonquédec, Loïc Legendre, Lysiane Meis, Jean Franco, et Caroline Maillard, mis en scène par José Paul

Le comment du pourquoi j’ai voulu voir ce spectacle tient en un seul nom. José Paul – allez, en deux, car Lysiane Meis est un aimant à Mordue autant que José Paul, mais disons que là où il y a l’un, l’autre n’est jamais très loin. Ils doivent faire partie des artistes que je suis depuis le plus longtemps. Ça doit faire 15 ans qu’à chaque fois que je vois leur nom quelque part, je fonce. Tête baissée. Sans rien lire. S’ils sont là, metteur en scène ou comédien(ne) (les deux, c’est encore mieux), je sais que ce que je vais voir est forcément quali. Et rassurez-vous, même si je vais mordre un peu aujourd’hui, je vous le dis : c’est quali.

Haaaa que je suis embêtée. Je suis embêtée parce que je sais qu’en bonne mordue que je suis, je vais pondre un article qui va apparaître comme plutôt négatif alors que c’est globalement un bon spectacle. Je le dis ici, si vous cherchez une bonne comédie qui fonctionne, Mon jour de chance remplit le contrat. J’ai probablement vu trop de bonnes comédies qui fonctionnent et je fais maintenant la fine bouche si je respire un peu trop longtemps entre deux rires. C’est la contrepartie d’aller (trop) souvent au théâtre. On devient (trop) exigeants.

Cette critique, c’est un peu mon « c’est pas toi, c’est moi » (mais non José, jamais je ne t’abandonnerai, j’aime trop tes spectacles, no worry). C’est moi qui en attendais probablement trop, moi qui voulais une comédie à me décoller la mâchoire, moi qui attendais l’engrenage infernal qui embarque toute une salle avec lui dans une effet boule de neige totalement délirant. Moi aussi qui ai peut-être vu/lu/entendu parler de trop d’oeuvres au sujet semblable, sur lequel je ne vais pas trop m’étendre pour ne pas trop divulgâcher mais disons de « boucle infinie combinée à la visite de différents multivers ». Vous voilà bien avancés.

Et donc, en prenant en compte toutes ces mises en garde, qu’est-ce que je lui reproche, à ce spectacle ? De n’être « pas assez », je dirais. La première scène met en place l’intrigue selon les codes habituels du genre, mais on voit finalement venir le plot twist. On entre alors dans une espèce d’engrenage dont je n’ai, pour ma part, attendu qu’une seule chose : qu’il s’emballe complètement. Or il se traîne un peu, cet engrenage. Les situations sont souvent attendues et on comprend trop vite ce qu’il se passe ou ce qu’il va se passer.

Alors, je pinaille. C’est vrai que certaines scènes parviennent à nous prendre par surprise. Et c’est peut-être là que le bât blesse. C’est peut-être ce qui m’a manqué. Je crois que j’aurais aimé me laisser davantage surprendre, en fait. Le plaisir de découvrir de nouvelles situations, le plaisir de comprendre ce qui se joue face à nous existe bien. Mais c’est un plaisir trop rapide, qui repart aussitôt qu’il est arrivé. Je crois que j’aurais aimé retrouver plus souvent ce petit crépitement intérieur face à une scène inattendue. Mais quand on réutilise toujours le même procédé, il faut parvenir à maintenir le spectateur en haleine par des changements, même infimes – de rythme, d’ambiance, que sais-je. Là, même si c’est suffisamment bien fait pour qu’on suive avec attention tout le spectacle, on attend toujours « un peu plus ». On attend la débandade.

En immense analyste du spectacle que je suis, j’aurais tendance à dire qu’avec ce matériau, on aurait pu débandader (surtout, ne pas oublier une syllabe). Il y a un vrai potentiel emballement. Alors qu’est-ce qui coince ? Un rythme qui ne s’est pas encore tout à fait trouvé – le spectacle a commencé il y a dix jours, soyons indulgents – mais je me dis, peut-être, aussi, une ambiance voulue. Ils se contentent de jouer la situation. Ils ne vont pas chercher d’effets en plus. Et surtout, surtout, en choisissant Guillaume de Tonquedec pour jouer le personnage « principal », cela instaure une certaine atmosphère. S’il est très bon pour jouer les paumés et que son personnage fonctionne à merveille, il manque peut-être d’une petite évolution entre les différentes scènes pour mettre un vrai doigt dans l’engrenage. Il manque peut-être d’un grain de folie, un soupçon d’accélération et une pointe de lâcher prise. Et la machine infernale s’emballera !

Il n’y a qu’à relancer les dés : avec un peu de chance, l’engrenage se débloquera !

♥
♥

quelques numéros ticket gagnant…
© Bernard Richebé

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Morduedetheatre 2245 partages Voir son profil
Voir son blog