Les mauvaises nouvelles s'accumulent à l'horizon et si les quatre cavaliers de l'apocalypse n'en sont pas encore tout à fait à organiser un rodéo dans les salons de l'Élysée, certains entendent déjà des bruits de sabots, et on sent que la période passe du morose au préoccupant pour une partie de notre "élite" politique dont les mains moites arrivent assez mal à retenir les patates chaudes qu'ils se refilent de jour en jour. En revanche, pour un petit nombre de personnes, on sent au contraire que ces sombres perspectives offrent, youkaïdi, youkaïda, d'optimistes débouchées pleines d'actions vitaminées...
Il ne faut pas se leurrer : conformément à ce que je laissais entrevoir avant de partir en vacances, il va y avoir du vent dans les voiles dans les prochains mois à côté duquel Katrina ressemblera à une charmante brise bretonne. Dans une certaine mesure, on se demande d'ailleurs si la nullité consternante des socialistes n'est pas entièrement stratégique, ayant ainsi laissé un véritable boulevard à une UMP bouffie de certitudes grotesques qui va se retrouver avec une belle crise majeure qui, n'en doutons pas, la lessivera complètement au plan politique.
En fait, je m'avance évidemment : si les socialistes sont à ce point inopérants, c'est qu'ils ont depuis bien longtemps arrêté d'émettre dans les fréquences audibles la moindre idée quelconque. Mais les faits sont têtus : Sarkozy aura hérité d'une France vieille, gonflée d'une suffisance artificielle, vivant dans des palais somptueux mais mal chauffés, camée aux subventions et junkie de taxes. Il la rendra épuisée et au bord de l'asphyxie complète, toujours aussi accro aux drogues dures mais de plus maigre, tremblante et SDF. Si les socialistes, restés chaudement au port pendant la tempête, se débarrassent du boulet poitevin, ils seront les seules barcasses viable après le grain... Ça promet.
Allons allons, pas de quoi s'inquiéter !
Difficile, dès lors, de trouver de quoi se fendre la pipe dans un environnement pareil... Pas pour tout le monde, en fait. S'il y a bien une profession qui se tortille d'aise, c'est bien celle d'Inspecteur URSSaf. Aaaaaaah, le plaisir inénarrable de pouvoir claquer le museau d'un patron ! La joie communistoïde de pouvoir lui japper des ordres de fermeture, de lui coller des amendes salées, d'expulser ses travailleurs et d'aboutir à sa ruine !
Eh oui ! En période de crise, l'Inspecteur URSSaf couvre deux buts essentiels : en bonne sangsue étatique, il se doit d'une part de recouvrer de l'argent à gros bouillons, parce que, il faut bien le dire, les caisses de l'état sont plus que vides, elles sont creuses. D'autre part, il offre à la vindicte populaire deux bouc-émissaires pimpants et tous désignés pour l'échafaud : le salaud de patron-libéral, mangeur d'enfants à ses heures perdues et bien sûr suppôt du GrRrand Kapital, toujours prêt aux petits bénéfices sur le dos d'une masse esclave de ses agissements coupables, et, ne l'oublions pas, le travailleur clandestin, immigré de surcroît, voire (oh!) même pas blanc et même pas francophone (oh!).
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Or, la désignation de bouc-émissaires est très utile alors que nous allons joyeusement tous maigrir un grand coup : entre les méchants patrons, les salauds de riches et les vilains zimmigrés, la France sera rapidement mûre pour un bon gros protectionnisme des familles comme on n'en a plus fait depuis les années 80. Quel régal !
Evidemment, il arrive parfois que nos cancrelats suceurs de taxe se trompent : il est toujours agréable de savoir qu'en plus d'être particulièrement répugnants dans leurs agissements, ils sont aussi souvent incompétents et coûtent donc fort cher en frais administratif, le tout dans une spirale perdant-perdant que seule l'Etat est à même de garantir.
Cependant, bien que mauvais, ils ne font pas toujours choux-blanc, et font même parfois preuve d'une inventivité stupéfiante : ratisser chez les bénévoles pour récolter des cotisations, des amendes et trainer des associations en procès, c'est tout de même très fair-play.
Parallèlement à ces agissements crapuleux des parrains de l'URSSaf utilisant ses petits muscles et ses gros bras pour continuer son racket son prélèvement de "cotisations", on peut cependant être étonné de ne trouver aucune voix, aucun mouvement citoyen, aucun collectif d'action "spontanément" venu pour aider ces immigrés, généralement sans papiers, continuer à bosser et à récolter de l'argent pour pouvoir manger ou faire vivre leur famille.
Tiens, oui, ils sont où, les alters qui couinent quand on expulse ? Ils sont où, les cocos qui braillent quand les ouvriers trinquent ? Que font-ils, les révolutionnaires internationalistes et camarades de l'égalitarisme festif ? En vacance ? Partis ?
Que nenni ! Ils ne prennent pas de vacances dans un club en Espagne, pas sous le soleil et sans boîte de nuit, sans animation le soir, sans alcool et sans fêtes ! Non. Ils sont studieux, les trotskistes !
Sérieusement, cet article du JDD est truculent : rien n'y manque depuis les débats participatifs et pétillants de moraline en concentré lyophilisé - si nombreux que les pétasses boboïdes de 20 ans n'arrivent pas à participer à chacun d'entre eux - , jusqu'aux soirées féministes discriminatoires - où les filles se comportent comme des mecs et, youpi youpi, se mettent à boire comme des trous - en passant bien sûr par l'étude de la sexualité alternative - mais, zut alors, certains camarades ne semblent pas jouer le jeu : les hormones semblent plus fortes ; saleté de nature humaine, tiens !
Alors évidemment, depuis les camps de travailleurs jeunes ultracommunistes, la crise semble bien lointaine, bien différente de ce que vivent tous les jours ceux qui ne font pas de politique, et qui découvrent, la bouche sèche et un goût de cendre dans le fond de la gorge, qu'on s'est bien fichu de leur poire. Et pendant que nos jeunes hydrocéphales bondissants s'échangent des POUMs égalitaires pour acheter en toute décontraction des t-shirts Made In China aux effigies de bouchers paranoïaques, la finance mondiale étatique fait dans l'interventionnisme discret pour soutenir encore un peu la monnaie américaine.
Ca sent le sapin.