Résister à la culpabilisation, Mona Chollet

Par Antigone

Ce titre est le premier livre de Mona Chollet que j’ouvre, même si la lire me tentait depuis très longtemps. Dans ce texte, elle se décrit elle même comme une autrice féministe. Elle a sorti de nombreux autres essais, dont celui qui a pour titre « Sorcières » et qui a connu un grand succès. Je n’ai pas pu résister (sans jeu de mots) à ce thème de la culpabilisation, et à l’idée de s’en sortir, étant championne du monde dans le domaine… Ce qui m’a impressionnée dès le départ est cette idée qu’en matière de culpabilisation nous soyons nos propres bourreaux. Bien sûr, je savais déjà qu’elle existait cette petite voix dans notre tête. Culpabiliser peut aussi être tout simplement un aveu d’impuissance. Nous culpabilisons parce que nous croyons à notre toute puissance, nous croyons que nous aurions pu changer les choses. Et, même si tel était le cas, cela aurait-il tout résolu, aurions nous été à la hauteur, exhaustifs ? La voix dans notre tête est d’autant plus forte que nous appartenons à une minorité, d’après Mona Chollet. Mais d’où cela vient-il ? Sans doute, d’abord, de la théorie de Saint Augustin selon laquelle nous sommes nés pêcheurs, donc fautifs dès le départ. La femme endosse depuis toujours la faute d’Eve. Notre monde culpabilise la femme, les mères, mais aussi plus généralement les victimes. Et qu’en est-il du monde du travail et de nos efforts vains pour sauver le monde ?…  J’ai lu cet essai avec beaucoup d’avidité. Il est toujours intéressant de faire un pas de côté pour comprendre nos comportements. Mona Chollet a ce talent de prendre de la hauteur et d’exposer aussi son propre cas, en miroir. L’histoire, la société, notre positionnement avec les autres, nous renvoient sans cesse à notre impuissance, à ce que nous faisons de mal, d’où ce sentiment largement répandu d’être responsables, coupables et voués à culpabiliser. Il est question d’éco anxiété par exemple dans ce livre, d’éducation, du travail, mais également de la dépression post partum. Un essai qui donne envie de s’interroger sur le bien fondé de ce sentiment étrange, la culpabilité.

 Zones éditions – 19 septembre 2024

 J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…

Mona Chollet était à la grande librairie mercredi dernier

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