Riche de plusieurs biographies (Fernando Pessoa par Robert Bréchon, Ossip Mandelstam par Jean-Luc Despax ou Saint-John Perse par Joëlle Gardes pour n’en citer que quelques-unes),
la collection Le Cercle des poètes disparus des éditions Aden s’enrichit
aujourd’hui du beau livre que Patricia
Godi consacre à Sylvia Plath. Le
sous-titre, Mourir pour vivre est
explicite du drame de la vie de Sylvia Plath qui s’est terminée par un suicide,
le 11 février 1963, à l’âge de trente ans. Le livre retrace l’histoire de cette
femme douée de multiples talents, d’une beauté et d’une énergie exceptionnelle,
blessée par une histoire familiale douloureuse et par l’échec de son mariage
avec le poète Ted Hughes : «L’histoire
de sa vie se confond avec la détermination à faire de soi un grand écrivain et
à en payer le prix ».
Patricia Godi est maître de conférences à l’Université Blaise Pascal de
Clermont-Ferrand. Sa recherche en poésie a débuté il y a vingt ans avec la
découverte de l’œuvre de Sylvia Plath. Auteur d’une traduction d’Ariel, elle s’est
spécialisée dans l’étude de la poésie de l’après Seconde guerre mondiale et des
femmes poètes.
•Patricia Godi, Sylvia Plath, Mourir pour
vivre (biographie), collection le Cercle des Poètes disparus, Éditions Aden,
2007, isbn : 978-2-84840-082-2, 25 €
site de l’éditeur
Alain Lance
consacre un livre à ce qui est sans doute un des grands axes de sa vie, l’Allemagne,
parcours autobiographique, présenté en courtes séquences comme autant de
réminiscences, reprises, travaillées, élaborées, de ce rapport qui s’est établi
dès la toute petite enfance « Allemagne, ce mot que j’entends dès le tout
premier mois » (Alain Lance est né en décembre 1939). « Longtemps l’Allemagne »,
tels sont aussi les derniers mots du livre. Et si ces pages décrivent l’itinéraire
de celui qui allait devenir un grand passeur de la littérature allemande en France
(et qui parfois offre à Poezibao
quelques traductions inédites de poètes qu’il continue à faire découvrir ici),
il est aussi exemplaire en ce sens qu’il épouse l’histoire des relations
complexes entre l’Allemagne et la France de l’après-guerre à aujourd’hui.
•Alain Lance, Longtemps l’Allemagne,
Tarabuste, 2007, isbn :2-84587-138-4, 12 €.
Le poète Ben Arès
(c’est un pseudonyme) est né en 1970 à Liège. Il a publié d’autres livres aux
éditions Tétra Lyre et à l’Atelier de l’Agneau et donne ici un premier livre
aux éditions de la Différence, recueil composé de petits blocs de textes de
longueur presque toujours identique, centrés dans la page, constructions denses
où les phrases s’enchaînent sans ponctuation.
Commence descend la langue
passe hardiment entre deux
rouleaux glauques passe à gué
passe le cœur de tenter les lubies
de jeter un sort cocasse aux
diseuses du dépit et naïf ne
manque pas de toupet de lire les
cordes les accords d’inviter les
vaisseaux du désir va cueillir le
flux à quatre feuilles les retours du
chant libre le Tabula rase sur les
remèdes les manèges les derniers
soupirs qui ne veulent rien dire
•Ben Arès, Rien à
perdre, Éditions de la Différence, , 2007, isbn : 978-2-7291-1685-9,
10 €
Petit livre en format et nombre de pages mais puissant par le
contenu que celui de Marcel Migozzi,
Vers les fermes, ça fume encore
J’aurais d’une passion très lente aimé garder les
vaches (en chemins creux et prés en douce
qui s’en vont courber la terre verte)
aimé
pour ne pas oublier l’odeur surtout des grosses à
lait cru
déchets salés et encollés poils
de déesses.
Et le purin comme un étang
avec son job des profondeurs :
amant délivré des matières.
Ce livre est publié chez une toute jeune maison d’édition
dont Poezibao a déjà eu l’occasion de
saluer
la naissance
•Marcel Migozzi, Vers les fermes, ça fume
encore, Éditions Potentille, 2007, isbn : 978-2-9511258-4-1, 7 €
Éditions Potentille, 2 rue du Platane, 58160 La Fermeté.
Un peu en dehors du champ temporel couvert (en principe !
mais il y a des exceptions, la preuve !) par Poezibao, cette Anthologie de l’épigramme, de l’Antiquité
à la Renaissance qui constitue le quatre cent trente-troisième tome de la collection
Poésie / Gallimard. Ce livre « prélève la fleur de la collection de l’Anthologie, autrement dit l’Anthologie grecque, prodigieuse
collection d’épigrammes écrites entre le VIe siècle avant notre ère
et le VIe siècle après, soit la plus ancienne des anthologies et le
prototype de toutes celles qui allaient suivre » (jusque et y compris l’anthologie
permanente de Poezibao, donc, sans
doute !). C’est en fait près de deux millénaires d’épigrammes, de Simonide
à John Owen qui sont ici proposés et en bilingue, version originale (grec et
latin), en trois regroupements, l’épigramme en Grèce, l’épigramme à Rome, l’épigramme
latine dans l’Europe humaniste.
Sur une jeune fille
Neige qui joues avec la neige, avant
De perdre ta candeur, fais fondre ta rigueur
In Puellam
Nix ipsa es et niue ludis : lude, sed ante
Quam pereat candor, fac rigor ut pereat.
•Anthologie de l’épigramme,
de l’Antiquité à la Renaissance, édition de Pierre Laurens, Poésie /
Gallimard, n° 433, 2007, isbn : 978-2-07-031989-3, catégorie de prix 5.
Et pour finir, un très beau livre de Zéno Bianu et Marc Feld,
Pour Elvin Jones (Consumations) :
« ici la poésie se rejoint. Dans l’image, dans la musique. Une conjonction
en proie à l’impossible. Le dynamisme des images griffe la lumière du son dans
le noir des mots ». Poésie oui, celle, dense, précise, en symbiose avec la
musique de jazz de Zéno Bianu, images oui, les très belles œuvres graphiques de
Marc Feld et par la magie de leur conjonction, présence de l’absente, la
musique, le jazz : « Boule de jour boule de nuit / John Coltrane
Quartet / quatre pistons / dans le moteur de Dieu ». Une très belle
réalisation pour laquelle il faut aussi saluer l’éditeur (qualité de la mise en
page et des reproductions).
•Zéno Bianu, Marc Feld, Pour Elvin Jones
(Consumations), collection l’un dans l’autre, Pleine Page Éditeur, isbn :
978-2-91-3406-49-0, 22 €, site de l’éditeur.
©Poezibao, florence trocmé