Critique Ciné : Quelques jours pas plus (2024)

Publié le 11 octobre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews

Quelques jours pas plus // De Julie Navarro. Avec Camille Cottin, Benjamin Biolay et Amrullah Safi.

Il y a des films qui, malgré des débuts prometteurs, peinent à véritablement captiver le spectateur. Quelques jours pas plus, une adaptation du roman au titre évocateur De l'influence du lancer de minibar sur l'engagement humanitaire, en fait malheureusement partie. Bien qu'il semble vouloir se démarquer par un propos engagé et un casting alléchant, le film finit par s'embourber dans les clichés et les facilités narratives, au point de ne jamais vraiment décoller. Lorsque j'ai vu les noms de Camille Cottin et Benjamin Biolay en tête d'affiche, mon intérêt s'est immédiatement éveillé. Ces deux figures, que j'apprécie habituellement pour leurs talents respectifs, m'ont poussé à tenter l'expérience. Camille Cottin, actrice charismatique, et Benjamin Biolay, chanteur reconnu, avaient tout pour offrir une performance inédite et marquante. Hélas, dès les premières minutes, j'ai senti que quelque chose clochait. Le film, qui promettait une réflexion sur l'humanisme et l'engagement, s'enferme rapidement dans un carcan prévisible, sans véritable originalité ni profondeur.

Arthur Berthier, critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d'hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l'hôpital par un CRS en couvrant l'évacuation d'un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde, la responsable de l'association Solidarité Exilés et accepte, pour quelques jours croit-il, d'héberger Daoud, un jeune Afghan.

Le personnage de Arthur, incarné par Biolay, est un journaliste désabusé, cynique, qui va, comme on s'y attend dès le début, s'ouvrir peu à peu à une réalité qui lui est étrangère : celle des migrants et de ceux qui leur viennent en aide. Le parcours est balisé, sans surprise, et l'évolution d'Arthur manque cruellement de nuances. Le côté désinvolte du personnage, qui aurait pu être un ressort comique intéressant, tombe à plat, faute d'un scénario qui ose sortir des sentiers battus. Le film, qui adapte fidèlement le roman de Marc Salbert, se voulait une réflexion sur l'engagement humanitaire à travers une comédie douce-amère. Mais là où le livre pouvait peut-être explorer les subtilités d'un tel sujet avec plus de finesse, l'adaptation cinématographique se contente d'effleurer la surface. L'intrigue tourne autour de l'accueil, "quelques jours pas plus", d'un migrant afghan par Arthur, un geste motivé autant par la culpabilité que par un désir latent de plaire à Mathilde (Camille Cottin), bénévole dévouée. Si ce point de départ pouvait offrir matière à une belle introspection ou à des moments d'émotion, il se dilue dans un traitement trop convenu et manquant de profondeur.

Les scènes se succèdent sans véritable intensité, et la romance prévisible entre les deux personnages principaux finit par alourdir encore davantage l'ensemble. On sent que le film cherche à transmettre un message fort sur l'ouverture aux autres et l'importance de l'hospitalité, mais cette intention est desservie par une écriture trop formatée, presque mécanique. On devine chaque rebondissement avant même qu'il ne se produise, rendant le visionnage presque laborieux. Si Quelques jours pas plus se veut un film engagé, il tombe dans l'écueil de la morale, cette surdose de bons sentiments qui finit par desservir le propos initial. Le cinéma français, ces dernières années, s'est souvent penché sur les questions d'immigration et d'hospitalité, avec des films comme Welcome ou Les Engagés. Ces œuvres, bien que parfois imparfaites, tentent au moins d'apporter un éclairage nuancé sur des sujets complexes. Mais ici, la dimension politique semble plus un prétexte qu'un réel sujet d'exploration.

L'histoire se déroule à Paris, en pleine évacuation d'un camp de migrants, mais le quotidien de ces réfugiés, leurs souffrances, leurs espoirs, sont à peine esquissés. Le film préfère se concentrer sur le cheminement intérieur d'Arthur, un bourgeois parisien confronté à une réalité qu'il a longtemps ignorée. En soi, cette thématique aurait pu fonctionner si elle avait été traitée avec plus d'audace ou de subtilité. Malheureusement, la simplification du propos rend le tout trop superficiel, comme si le film cherchait avant tout à rassurer une certaine frange de spectateurs sur leur position morale, plutôt qu'à véritablement questionner ou interpeller. Le seul point véritablement positif de ce film réside dans l'alchimie évidente entre Camille Cottin et Benjamin Biolay. Si leurs personnages sont peu développés et manquent de consistance, leur complicité à l'écran est palpable. Biolay, en particulier, surprend par une prestation pleine d'autodérision, et montre qu'il est capable d'endosser des rôles au cinéma avec brio.

Pourtant, même cet atout semble sous-exploité, comme si le film ne savait pas vraiment comment tirer parti de cette dynamique entre ses deux acteurs principaux. En définitive, Quelques jours pas plus est une déception. Malgré un casting prometteur et une thématique actuelle, le film n'arrive jamais à vraiment captiver. Son manque d'audace tant dans l'écriture que dans la mise en scène laisse une impression d'inachevé. Si l'on peut saluer la sincérité de son propos, il est dommage qu'il ne parvienne pas à s'élever au-dessus des clichés du genre. Un film qui, malgré son potentiel, manque cruellement de saveur et laisse une impression d'opportunité manquée.

Note : 4/10. En bref, un film trop convenu pour surprendre.

Sorti le 3 avril 2024 au cinéma - Disponible en VOD