Dans ce film d’Anne Fontaine, Claire Gauthier (jouée par Isabelle Carré) est une femme ordinaire, mariée, mère d’une fille, et qui travaille dans une compagnie d’assurance : elle évalue les pertes subies par les assurés. Quand Laurent Kessler (Benoît Poelvoorde), vétérinaire célibataire, réclame des dommages pour une inondation dans son sous-sol, Claire conclut en sa faveur. Il faut dire pourtant que ce Laurent est assez bizarre, vaguement dépressif, et Claire est intriguée, si bien qu’elle ne l’éconduit pas quand il vient la visiter dans son bureau. De fil en aiguille, il l’invite à boire un verre, puis à déjeuner, et ils finissent par devenir assez proches, sans toutefois franchir le pas auquel tu penses, petit futé.
Or, et pendant ce temps, un assassin en série sème la terreur à Lille, comme si Martine Aubry n’y suffisait pas. Ledit assassin a une charmante manie, il ne tue que des femmes – jusqu’ici tout va bien –, mais avec un scalpel. Ciel ! Il appartiendrait donc à la profession médicale ? Mais un vétérinaire, c’est un peu un médecin, non ?
Malgré ses soupçons, Claire refuse de croire que Laurent est l’assassin, en dépit de son comportement pas très net. Jusqu’au jour où elle découvre par hasard un scalpel dans la poche de sa veste, et je ferais remarquer que les femmes trouvent toujours par hasard des trucs inattendus dans les poches des hommes qu’elles approchent, alors que l’inverse ne se vérifie jamais. Du coup, elle a peur, mais tu sais ce que c’est, quand on est attiré par quelqu’un, on est aussi incapable de se rendre à l’évidence qu’un général français de se rendre à l’ennemi – ou alors on m’a mal raconté l’Histoire de France.
La preuve pourtant qu’il ne faut jamais se fier à quiconque, c’est que Laurent, qui est bel et bien l’assassin, ressent une subite envie de la tuer, elle. Scène de terreur à la Scream, quand il tente de s’introduire chez sa dulcinée, où malgré tout elle s’est calfeutrée, la vérité ayant fini par s’imposer à sa cervelle d’oiseau. Mais rassure-toi, au dernier moment, Laurent est vaincu par l’amour, et au lieu de zigouiller sa belle, il se suicide. Tout est donc au mieux, comme disait Pangloss.
À ce stade, toi, lecteur cinéphile, tu pousses les hauts cris, proteste que je viens de me payer ta tête, et que je t’ai raconté, non pas Entre ses mains, mais Le boucher, l’un des meilleurs films de Claude Chabrol (au temps où Chabrol faisait de bons films, et c’était en 1970). Exactement la même histoire, et jusqu’au détail de prendre un acteur comique pour jouer le rôle de l’assassin : chez Chabrol, c’était Jean Yanne. Bien entendu, aucune mention de Chabrol et de son film au générique. Or ce plagiat, pas un seul critique ne l’a relevé… pas plus qu’Allocine. Ce doit être de la pudeur, par conséquent c’est moral.
Choisis ton arme et flingue la fin du film