The Magnetic Fields - 69 Love Songs (1999)

Publié le 26 août 2008 par Oreilles

En 1981, Jean-Michel Jarre sortait son Champs Magnétiques ; peu de temps après, Stephin Merritt créait la première et la plus fameuse de ses entités, les Magnetic Fields !
Aucun rapport, évidemment !
Les Magnetic Fields à l'honneur en ce moment dans DODB ! Il n'en sera pas autrement à l'heure du passage devant le jury de cette somme de travail, que dire ce pavé, édité en 3 CD distincts en 1999, avant de se voir saucissonner en 3 volumes !
Les Magnetic Fields, c'est regrettable, ne donnent plus dans l'édition vinyle depuis longtemps (1985), ce dont on ne leur tiendra pas rigueur devant pareille oeuvre qui avoisine les 3H de musique, et renvoie quasi le Two Pages de 4 Hero au rang d'aimable EP extended !
On n'enlèvera en tout cas pas au leader stakhanoviste des Magnetic Fields le Merritt d'être conceptuel : en 2004, récemment donc, il publiait I, dont toutes les chansons commençaient par la lettre I (Ministry en ferait de même avec le W, amusant !) ; en 99, il se lançait donc dans le projet titanesque d'écrire et de publier 69 chansons d'amour !
Quoique....à bien y réfléchir, il n'est pas sûr que cette improbable histoire de laisse trop longue ("Fido Your Leash Is Too Long") ou cette étrange histoire de poulet décapité ("A Chicken With Its Head Cut Off") soient des déclarations en bonne et due forme ; en revanche le mot "love" apparait 11 fois dans un titre, sans compter les innombrables corollaires que sont les "cuckoo" et autres "heart" ; donc on peut raisonnablement valider l'entreprise !
Plus sérieusement, et alors qu'on peut envisager que Ju maîtrisera dans quelques années un bon tiers des titres de ce disque-fleuve avec son ukulélé (le banjo du pauvre : moins de notes, plus facile à (trans)porter, cordes faciles à jouer), c'est là le côté roots-hicks-bluegrass de l'oeuvre, il reste en tout point remarquable qu'il ne se dissimule que peu de ratages dans la jungle de ce disque ; allez disons 3, 4 déconnades, 2 poilades, 1 merde (trouvez-là !) quelques morceaux bouseux un peu auto-indulgents, pas désagréables, mais pas fondamentaux non plus ! Soit un ratio sûrement supérieur au Double Blanc, qui avec ses 10 morceaux ratés, ne contient que 2/3 de merveilles !
Pour ce qui est des chansons sympatoches, l'on pense notamment aux chansons folkloriques qui trahissent les origines celtiques du groupe (enfin de son leader, parce que pour le dénommé John Woo au violoncelle.....) telles la très crin-crin "Wi' Nae Wee Bairn Ye'll Me Beget" ; mais l'oeuvre entière, dans un habile mix de pop new wave 80's qui peut évoquer aussi bien O.M.D ("Let's Pretend We're Bunny Rabbits"), Young Marble Giants et leurs mélodies syncopées ("If You Don't Cry"), XTC ("Parades Go By") et de la meilleure folk (l'élégiaque et l'une de mes préférées "Bitter Tears" chantée par l'énigmatique LD Beghtol (?), est remarquable de constance !
Au milieu de cela, quelques brûlots noisy pop et bardées d'écho évoquent même le meilleur deThe Jesus And Mary Chain (sans la fuzz barbelée, toutefois), je veux parler de ces "When My Boy Walks Down The Street", "(Crazy For You But) Not That Crazy", "Yeah, Oh Yeah !", "Washington, D.C" où le gang des frères Reid aurait invité Moe Tucker à en pousser une !
Cette même Moe Tucker si bien incarnée -en fait, super vocaliste contrairement à la batteuse aphone du Velvet- par la violoniste Claudia Gonson, interprète des superbes "Sweet Lovin'Man", "Yeah, Oh Yeah !" ou autres "Acoustic Guitar" !
Et Stephin Merritt dans tout ça ? Rassurez-vous, il se taille lui aussi sa part du lion, avec les vibrantes envolées sur piano de "My Only Friend", "Busby Berkeley Dreams", le merveilleux et si caractéristique de son art - mélancolique mais faussement candide - "I Don't Believe In The Sun", il y a aussi la narcoleptique "Love In The Shadows"......
Merritt, qui outre les innombrables chevauchées, banjo en bandoulière, s'offre même une récréation reggae "It's A Crime" et va jusqu'à singer Tom Waits sur "Love Is Like Jazz".
Il est en fait responsable des deux tiers des interprétations ; les autres échéant aux accompagnateurs indiqués, ainsi qu'à la douce Shirley Simms, responsable des très convaincants "Come Back From San Francisco" et "No One Will Ever You" et son envoutant feedback !
en résumé : assurément difficile à compiler en best-of (j'ai essayé) ; trop de belles et tuantes chansons dans tous les styles formant à n'en pas douter le point d'orgue de la discographie des Magnetic Fields.



(re)lire la chronique de 4 Hero

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"The Book Of Love" du disque 1

"Epitaph For My Heart" du disque 2
Le libidineux "Underwear" du disque 3