The Franchise // Saison 1. Episode 1. Scene 31A: Tecto Meets Eye.
Le cinéma de super-héros est devenu un élément central de la culture populaire moderne. Depuis plus de quinze ans, les films adaptés de bandes dessinées saturent les écrans de cinéma, au point d'étouffer la diversité du paysage cinématographique. En tant que cinéphile, il est difficile de ne pas ressentir une certaine lassitude face à cette omniprésence. Même si certains de ces films sont indéniablement réussis, leur formule prévisible et leur hégémonie culturelle ont perdu de leur fraîcheur. C'est dans ce contexte que The Franchise fait son entrée, une série satirique diffusée sur HBO, qui se moque allègrement de l'industrie des films de super-héros. Ce premier épisode donne le ton avec une approche mordante et lucide. À travers un regard cynique et humoristique, la série dépeint les coulisses chaotiques d'un tournage de blockbuster, tout en pointant du doigt les excès d'une industrie à la fois adulée et critiquée.
Les coulisses impitoyables d'une équipe qui réalise une franchise de films de super-héros, un milieu dans lequel le chaos règne et où chaque raté cache une anecdote originale.
Ce mélange d'humour et de critique est porté par un casting de créateurs de renom, dont Armando Iannucci, connu pour ses satires politiques acérées comme Veep. Dès le début, l'épisode s'appuie sur une équipe créative impressionnante. Avec Iannucci à la production et Jon Brown à l'écriture (connu pour son travail sur Succession), on s'attend à une série aussi caustique que brillante. Mais la question qui se pose est simple : la moquerie des films de super-héros, déjà largement exploitée ces dernières années, peut-elle encore surprendre ? Après tout, même les franchises elles-mêmes, telles que Marvel, se tournent parfois vers l'autodérision, comme on a pu le voir dans les récentes blagues de Deadpool. Cependant, The Franchise parvient à trouver une certaine fraîcheur dans ce domaine grâce à son humour ancré dans la réalité des petites mains du cinéma, ceux qui sont derrière les caméras et qui, bien souvent, restent dans l'ombre des grandes stars et des producteurs.
Ce premier épisode, sans être hilarant à chaque instant, sait distiller une bonne dose de rire tout en offrant un regard compatissant sur les coulisses d'une production titanesque. Le personnage principal, Daniel (interprété par Himesh Patel), assistant réalisateur stressé et débordé, incarne à lui seul cet équilibre entre le chaos du tournage et la passion pour le métier. Le cœur de l'épisode repose sur une journée de tournage ordinaire - ou plutôt extraordinairement chaotique. Entre des crises de nerfs d'acteurs, des effets spéciaux capricieux, et une équipe technique épuisée, la série montre à quel point la production d'un film, en particulier un blockbuster de super-héros, est une entreprise périlleuse. La scène d'ouverture, où Daniel tente de gérer une série de petits désastres, est filmée en un long plan-séquence nerveux, à l'image du travail de Sam Mendes à la réalisation, et donne immédiatement le ton : rien ne se passe jamais comme prévu sur un plateau.
Ce chaos est amplifié par l'arrivée d'un réalisateur européen, Eric Bouchard (Daniel Brühl), récemment récompensé dans des festivals de cinéma, et engagé pour apporter une touche d'" auteur " à ce film de super-héros. Son style artistique, trop sombre et intellectualisé pour le studio, entre en conflit avec les exigences commerciales des producteurs, représentés par Pat " The Toy Man " Shannon (Darren Goldstein), un personnage inspiré des magnats de l'industrie tels que Kevin Feige. L'épisode s'appuie sur des caricatures efficaces pour critiquer subtilement la manière dont ces films sont produits. Eric, par exemple, est la quintessence du réalisateur élitiste qui se bat pour maintenir sa vision artistique face à une industrie obsédée par le profit et les attentes du public. L'ironie réside dans le fait que, malgré toute sa prétention, il se retrouve piégé dans les rouages d'un système qui sacrifie l'art sur l'autel du divertissement grand public.
Les interactions entre les personnages, en particulier entre Adam (Billy Magnussen), l'acteur principal du film, et Peter (Richard E. Grant), un acteur de théâtre désabusé, sont un autre point fort de l'épisode. Leurs échanges cinglants reflètent les tensions entre l'art et le commerce, et illustrent les contradictions inhérentes à la réalisation de blockbusters de super-héros. Si The Franchise n'offre pas de grandes surprises en termes de satire, elle se distingue par son humanité. En dépit du ton acerbe et des blagues parfois prévisibles, la série témoigne d'un véritable amour pour les gens de l'ombre qui font tourner la machine hollywoodienne. Ce sont eux, les vrais héros du quotidien, ceux qui, comme Daniel, continuent à se battre jour après jour pour faire aboutir ces productions colossales, malgré les obstacles. Ce premier épisode de The Franchise est donc une réussite, à la fois divertissante et réfléchie. Il pose les bases d'une série qui, bien que satirique, ne tombe pas dans le cynisme gratuit.
Au contraire, elle trouve un équilibre délicat entre la moquerie et l'empathie, et promet d'explorer avec intelligence les rouages complexes de l'industrie cinématographique moderne. Pour ceux qui, comme moi, commencent à se lasser des films de super-héros, cette série apporte un regard rafraîchissant et bienvenu sur les coulisses d'un phénomène culturel inévitable.
Note : 7/10. En bref, une satyre réussie des blockbusters de super-héros.