Davell Crawford enflamme le Duc des Lombards

Publié le 07 octobre 2024 par Assurbanipal

Vendredi 4 octobre 2024, 22h

Davell Crawford: piano, voix, bidulophone

Laurent Vernerey: contrebasse

Denis Benarrosh: batterie

Pedro Segundo: percussions

Davell Crawford est surnommé le Prince du piano de La Nouvelle Orléans. Il commence par se plaindre du micro. A t-il changé depuis la répétition? Musicien exigeant. Bon signe. Il commence avec un Bidulophone, le machin avec un clavier et un tuyau pour souffler dedans. J'ai appris le nom de ce bidule mais l'ai oublié. C'est innommable tant c'est laid à voir et à entendre. Le groupe enchaîne sur un vieux Blues dont je reconnais le titre mais pas l'air. Ca ronronne bien entre contrebasse, batterie et percussions. Frank Amsallem est dans la salle en spectateur. Davell Crawford passe au piano et ça envoie tout de suite. Grave et puissant. Batteur aux baguettes tout en douceur. Je préfère l'harmonica au bidulophone.

Transition. Pas le temps de comprendre et d'applaudir que le groupe a déjà passé le pont pour arriver à un autre morceau. Toujours tranquille. A croire qu'ils veulent nous endormir dès le départ. Batteur aux balais. Ca masse doucement avec percussions et contrebasse. Un grand classique du Vieux Sud, " Georgia on my mi nd " . La version de Ray Charles, natif de Géorgie, le modèle d'enfance de Davell Crawford, est aujourd'hui l'hymne officiel de l'Etat fédéré de Géorgie. Ce n'est pas à ce niveau mais c'est très bon. Notes perlées du piano, voix râpeuse du chanteur. Il captive seul le public. Le 4tet repart. Le leader fait le métier, interpelle le public. Ca marche. J'ondule assis sur ma chaise haute.

Il enchaîne encore. Pas de pause. Pas d'applaudissement. Il nous emmène. Très pro. Ca s'anime avec plus d'engagement du batteur et du percussionniste. Sans forcer. 22h27 et le quartette joue comme s'il était 3h du matin. Classique et très efficace. Dehors, dans la rue, un jeune homme Noir en survêtement chante d'une magnifique voix de ténor. Classique ou Jazz difficile à percevoir à travers les vitres. Ici, à Paris, au Duc des Lombards, Davell Crawford ne joue pas une musique. Il joue une culture, celle de La Nouvelle Orléans.

Une chanson de la Soul Queen of New Orleans, Mme Irma Thomas, " Ruler of my Heart ". " Time is on my side" chantée par les Rolling Stones, c'est aussi une chanson d'Irma Thomas. Ils l'ont enfin chanté ensemble sur la scène du festival de Jazz de la Nouvelle Orléans le 2 mai 2024, 60 ans après que Mick Jagger lui ait demandé l'autorisation pour cette reprise. Ca pulse solide et la voix balance. Tout bouge en rythme. Là, pause et applaudissements.

Intro en piano solo. Romantique à souhait. La voix s'ajoute. Une chanson d'amour. Un Blues. Elle lui manque beaucoup manifestement. La rythmique s'ajoute doucement. Batteur aux baguettes sur les cymbales, en douceur. Les percussions ajoutent de la chaleur. Il pense à elle chaque nuit. Ca se lance énergiquement. Le chanteur est entré et s'assied à ma gauche. Va t-il chanter sur scène?

Intro en piano solo, nostalgique à souhait. Il chante avec une voix qui me rappelle les dernières années d'Abbey Lincoln. Chanteuse que j'ai eu la chance de voir sur scène il y a 30 ans. Inoubliable. C'est bien une chanson d' Abbey Lincoln " Throw it away ".

Enchaînement sur un gospel. Toujours en solitaire. " Grace to the Heaven above ". Le batteur vient ajouter délicatement ses maillets sur les tambours pour l'Alleluia. Belle montée en puissance du 4tet.

Batteur aux baguettes. Intro bien funky. Les percussions répondent. La contrebasse ajoute sa pulsation. Après avoir présenté chaque musicien, Davell Crawford relance au piano sur un air bien funky. " Brother, Brother ". Chant militant je pense. Ca marche. Je bats la mesure du pied droit. Ca donne envie de faire la révolution en dansant. Beau dialogue batterie-percussions. Je ne suis pas le seul spectateur à hocher la tête et battre la mesure du pied.

Retour au calme. Une ballade qu'il chante et joue seul. Un classique de son Maître Ray Charles, " A song for You ".

Le groupe repart tranquille. Un gospel. " Amen ". Le chanteur nous demande en français, je vous prie, " Chantez avec moi ". Le public reprend dont le chanteur à ma gauche.

Aux percussions de donner le ton. Un air sud américain. Brésilien je pense. Enchaînement avec une chanson jouée et chantée par un Brésilien récemment disparu, Sergio Mendes, " Mas que nada ". Puis une chanson française, seulement jouée, " Les feuilles mortes " ( Autumn leaves in english).

Intro en piano solo & chant. La version anglaise de '" L'hymne à l'amour " d'Edith Piaf. Comme Hervé Sellin, Davell Crawford a dû être marqué par l'interprétation de Céline Dion pour clore la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. La rythmique s'ajoute doucement.

Enchaînement direct avec une autre ballade. Ca monte en puissance et en intensité. Enchaînement avec une autre mélodie. Travail dans les cordes du piano en résonnance avec les percussions. Très élégant. Dialogue léger, vif, percutant entre piano & percussions. Batterie et contrebasse s'ajoutent. Le quartet repart de plus en plus funky jusqu'au final.

Le jeu du pianiste me rappelle feu Les Mac Cann. Il chante un classique de La Nouvelle Orléans que je ne connais pas. " New Orleans is in my blood You see: French Blood. African Blood " nous explique t-il. ( " J'ai la Nouvelle Orléans dans le sang, voyez vous: sang français, sang africain "). Mon voisin chanteur, Clive, ne chantera pas ce soir. Il accompagne le leader et vend ses albums à la sortie du Duc des Lombards. J'espère recevoir des nouvelles de son oeuvre. Il a mes coordonnées. Solo de contrebasse, les 3 autres aux percussions. Fin festive avec le chef qui sort de scène alors que le groupe continue de jouer.

RAPPEL

Davell Crawford demande à Frank Amsallem de monter sur scène jouer du piano. Il profite d'un pianiste de Jazz pour chanter un standard du Jazz, " Body and Soul ".

Après le 2e festival de Jazz Nouvelle Orléans à la Goutte d'Or, nouveau concert de Jazz Nouvelle Orléans à Paris avec Davell Crawford au Duc des Lombards . Laisse le bon temps rouler!