Nous vous l'avions annoncé sur ce blog : "Avant même son adoption, le Revenu de Solidarité Active joue déjà son rôle de pare-feu social du gouvernement" écrivions-nous le 7 août, en rappelant que la casse sociale de la précédente parlementaire.
Mercredi 27 août, la nouvelle a fuité: Nicolas Sarkozy va financer le Revenu de Solidarité Active par une nouvelle taxe sur les revenus du capital. Difficile, pour l'opposition, de critiquer la mesure. En elle même, elle assure la création d'un nouveau dispositif de protection social a priori vertueux, et fait mentir ceux qui croyaient(*) qu'il serait au mieux financé par une économie sur d'autres protections.
Cette taxation accrue des revenus de placements (dont les produits d'assurance-vie et des plans d'épargne) et du patrimoine sera de 1 %. Elle pourrait prendre la forme soit d'un relèvement de 1 point du prélèvement social de 2 %, qui sert actuellement à financer le fonds de solidarité vieillesse (FSV) et la Caisse nationale d'assurance-maladie, soit d'une nouvelle contribution de 1 %. Différentes sur le plan de la technique budgétaire, ces deux options sont rigoureusement identiques pour les contribuables.Cette annonce arrive à point nommée. Elle cache une diplomatie erratique : l'administration française le bourbier afghan, et allège l'attention publique et médiatique sur l'attitude du Président face à la crise géorgienne. Sarkozy a dû se résoudre à la fermeté contre la Russie, après le coup de force de mardi. Discrètement, on a aussi appris que Sarkozy ira rendre visite au dictateur syrien les 3 et 4 septembre prochains. La real-politik n'est pas loin.
L'augmentation de l'imposition des revenus du capital, confirmée au "Monde" de sources gouvernementales mardi 26 août, permettra de financer l'essentiel du surcoût du RSA en régime de croisière – de l'ordre de 1,3 milliard –, le reste étant apporté par les quelque 300 millions dégagés par le gel, en 2009, de la prime pour l'emploi (PPE), normalement indexée sur les prix.
(source LE MONDE)
Cette annonce permet de calmer le jeu, alors que les mauvaises nouvelles économiques s'accumulent et que la préparation du budget 2009 est très avancée.
Cette annonce trouble le jeu à gauche, tant dans la perspectives des élections sénatoriales de fin septembre que dans celles des recompositions en cours: création du NAP, regroupement des écologistes, préparation du Congrès de Reims. Miner le terrain de l'opposition est un sport présidentiel fort pratiqué en Sarkofrance. D'autant que le parti majoritaire, l'UMP, est en grande difficulté de militance semble-t-il.
Pourtant, certains ne manqueront pas de remarquer que cette mesure n'est pas équitable : les plus pauvres, sans revenus financiers, en seront épargnés. Mais les plus riches, qui bénéficient du nouveau bouclier fiscal à 50%, également. Qui va donc payer le 1,3 milliard d'euros attendu par le gouvernement ? Les classes moyennes. A bon entendeur...
(*) y compris ce blog.