Cette analyse de l'impact de l'interdiction de la vente de tabac sur la mortalité par cancer du poumon chez les jeunes (ou les personnes nées entre 2006 et 2010) conclut que 1,2 million de décès pourraient être évités. L’émergence d'une génération sans tabac pourrait prévenir près de la moitié (46 %) des futurs décès par cancer du poumon chez les hommes et environ un tiers chez les femmes. Des conclusions à méditer, documentées dans le Lancet Public Health.
Le tabagisme est la principale cause de décès évitables dans le monde. C’est le principal facteur de risque du cancer du poumon et on estime qu’il est à l’origine de plus des deux tiers des 1,8 million de décès liés à ce cancer, chaque année.
Près des deux tiers (65 %) des décès évités avec l’interdiction du tabac se produiraient dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Cependant ce taux ne serait pas tellement plus modeste (soit 61 %) dans les pays à revenu élevé, conclut cette large étude, menée par des chercheurs de l’Université de Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne), du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et d’autres instituts internationaux.
L’interdiction pour une génération de non-fumeurs ?
L’étude, de simulation, suggère en pratique d’interdire l’achat de cigarettes et d’autres produits du tabac et d’aboutir ainsi à une future génération sans tabac : l’auteur principal, le Dr Julia Rey Brandariz, de l'Université de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne, ajoute « non seulement cette interdiction pourrait sauver un nombre considérable de vies, mais cela pourrait aussi réduire considérablement la pression exercée sur les systèmes de santé associée au problèmes de santé liés tabagisme ».
Aucun pays n'a de loi interdisant la vente de tabac aux jeunes. La Nouvelle-Zélande avait mis en œuvre ce type de loi interdisant la vente de produits du tabac à toute personne née en 2009 ou après mais la loi a récemment été abrogée. Enfin, peu d'études ont analysé l'impact de l'interdiction de la vente de produits du tabac sur des groupes d'âge ou des générations spécifiques, comme les jeunes. Cette nouvelle recherche s'est donc concentrée sur les personnes nées entre 2006 et 2010, car l'âge légal pour acheter des produits du tabac est de 18 ans dans la plupart des pays.
Les taux de mortalité futurs par cancer du poumon ont été prédits sur la base de données historiques de 82 pays de la base de l'OMS, puis ont été appliqués aux données de la base de données GLOBOCAN 2022, une plateforme mondiale de statistiques sur le cancer du CIRC, afin de prédire les taux de cancer du poumon chez les personnes nées entre 2006 et 2010 dans 185 pays. L’analyse conclut que :
- 1,2 million de décès par cancer du poumon pourraient être évités dans 185 pays si le tabagisme était éliminé chez les personnes jeunes -nées entre 2006 et 2010 ;
- Cette interdiction permettrait d’éviter 40 % de la mortalité par cancer du poumon attendus dans cette cohorte, d’ici 2095 ;
- la moitié des décès par cancer du poumon attendus chez les hommes pourraient être évités et près d’un tiers des décès attendus chez les femmes, de la cohorte ;
- l’impact le plus important se produirait en Europe occidentale, où 78 % de la mortalité liée au tabagisme pourrait être évitée.
« Bien que les taux de tabagisme dans les pays à revenu élevé aient diminué ces dernières années, le cancer du poumon reste l’une des principales causes de mortalité. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, où la population des jeunes augmente rapidement, l’impact de l’interdiction de la vente de tabac pourrait être encore plus important », résume l’un des auteurs principaux, le Dr Isabelle Soerjomataram, du CIRC, qui ajoute :
« si nous devons redoubler d’efforts pour éliminer le tabagisme dans toutes les régions du monde, cela sera particulièrement important en termes de réduction des décès, dans les pays à revenu faible et intermédiaire ».
Source: The Lancet Public Health 2 Oct, 2024 DOI: 10.1016/S2468-2667(24)00185-3 Estimated impact of a tobacco-elimination strategy on lung cancer mortality in 185 countries: a population-based birthcohort simulation study
Lire aussi : e-CIGARETTE : Et si elle était en train de remplacer la cigarette ?
Équipe de rédaction SantélogOct 5, 2024Rédaction Santé log